16.3.05

Les Européens multiplient les fichiers

TERRORISME La sixième réunion des ministres de l'Intérieur des cinq grands pays de l'UE s'est terminée hier à Grenade

Le groupe des cinq (G 5) ministres européens de l'Intérieur d'Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne et Italie a annoncé hier, à l'issue d'une réunion de deux jours à Grenade, une série de décisions pour mieux lutter contre le terrorisme.

Grenade (Espagne) : de notre envoyé spécial Jean Chichizola
[16 mars 2005]

Liste de djihadistes, fichiers communs de véhicules volés, de faux papiers ou de cybercriminels... Ces thèmes ont été au coeur de la sixième réunion des ministres de l'Intérieur des cinq grands pays de l'Union européenne. Lancé début 2004, l'échange de noms d'anciens combattants d'Afghanistan, du Caucase ou aujourd'hui d'Irak progresse en dépit des réticences nationales. L'enjeu est de taille. Depuis le premier G 5 tenu en mai 2003, la menace s'est faite plus pressante avec les attentats de Casablanca (2003), le carnage de Madrid (2004) ou la découverte de réseaux de soutien au djihad irakien. Les policiers allemands ont livré à leurs homologues français une liste de 210 djihadistes, la France leur confiant en retour 150 noms. De source policière, les Britanniques ont fait de même avec les services de renseignement d'outre-Rhin. La délégation française a indiqué que des échanges de noms étaient en cours avec les autorités espagnoles.
Les Cinq ont fait le point sur un thème particulièrement sensible : le départ de jeunes Européens vers l'Irak. A l'exception de la France, où la police a mis au jour un premier groupe de volontaires fin janvier, aucun autre ressortissant européen n'a été officiellement tué ou capturé dans ce pays. Une situation qui évolue de jour en jour (voir l'article ci-dessous).
D'autres fichiers ont été évoqués à Grenade. Le but affiché par les premiers flics d'Europe est de concilier le besoin d'échanger des informations avec le respect de la confidentialité des enquêtes et la protection de la vie privée. Des groupes d'experts travailleront à la constitution de fichiers communs des immatriculations de véhicules volés, des personnes disparues et des corps non identifiés ou encore des faux papiers. Autant d'outils permettant de lutter contre le terrorisme ou la criminalité organisée. «Le G 5 peut aider à aller plus loin que les fi chiers européens existants, comme celui de l'espace Schen gen», remarquait hier un haut fontionnaire, «en partant des besoins exprimés par les polices nationales et en avançant pragmatiquement. La démarche ne contredit pas ce qui peut se faire à vingt-cinq ou au sein d'Europol. Elle est au contraire complémentaire.»
Dans le même esprit, l'Espagne a fait adopter son projet de système d'alerte en cas de vol ou de disparition d'explosifs, d'armes lourdes ou de substances nucléaires, bactériologiques ou chimiques. Les Britanniques ont demandé une accélération des travaux sur le projet européen de transmission des données nominatives sur les passagers aériens. Déjà opérationnel au Royaume-Uni, ce dispositif permet d'empêcher l'embarquement de personnes suspectes. Dernier axe de travail, défendu celui-là par l'Allemagne : la coordination de la lutte européenne contre les sites Internet extrémistes (comme ceux se livrant à la propagande islamiste radicale) ou criminels (comme les sites pédophiles) et la création d'un fichier de sites suspects.
L'immigration clandestine a aussi été abordée par le G 5 avec deux dossiers brûlants : l'arrivée lundi dans le sud de l'Italie de plus de mille clandestins égyptiens depuis la Libye et l'interpellation de clandestins roumains en France avant leur refoulement vers l'Italie. Les Cinq se réuniront à Paris en mai pour souligner la nécessité de préserver un contrôle des frontières intérieures de l'Union avant le prochain G 5 organisé par la France en juillet.

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