22.5.05

Ariel Sharon dément un report du retrait de Gaza qui divise Israël

LEMONDE.FR | 22.05.05 | 17h53

Le gouvernement israélien affichait dimanche 22 mai ses divisions à propos d'un éventuel report de plusieurs mois du retrait de la bande de Gaza, prévu à la mi-août.
Selon le quotidien Maariv, des "hauts responsables de l'armée" ont recommandé un report de six mois. "Le calendrier choisi fait le jeu du Hamas qui ne cesse de se renforcer tandis que les préparatifs d'accueil des 8 000 colons israéliens qui doivent être évacués de la bande de Gaza ne sont pas prêts", souligne le journal citant ces responsables.
Le premier ministre Ariel Sharon a toutefois démenti un éventuel report du retrait, a indiqué la radio publique. "Les informations sur un report sont sans fondement. Le redéploiement aura lieu selon le calendrier fixé, à partir du 16, 17 août", a affirmé M. Sharon aux journalistes l'accompagnant dans l'avion qui l'a conduit à New York, où il entame une visite de trois jours.
L'armée israélienne a publié de son côté un communiqué dans lequel elle déclare également "sans fondement" les informations du Maariv. "Une telle position n'a jamais été exprimée dans aucun forum intérieur et ces informations ne reflètent pas la position de l'armée" indique le communiqué.
Le Hamas doit participer pour la première fois aux élections législatives palestiniennes, prévues le 17 juillet. Cette décision du principal mouvement islamiste palestinien a suscité l'inquiétude des responsables israéliens à la suite d'une série de succès enregistrés ces derniers mois par le Hamas lors des municipales.
Le vice-ministre de la défense Zeev Boïm a toutefois laissé entendre qu'il était favorable à un report de l'évacuation en raison de la reprise ces derniers jours par le Hamas des tirs de mortier et de roquettes contre les colonies de la bande de Gaza. "Il n'est pas possible que notre retrait ait lieu sous le feu. Si les attaques terroristes continuent, il faudra traiter d'abord le problème d'un point de vue militaire", a affirmé M. Boïm.

"AVEU D'ÉCHEC"

Le ministre de la santé Dany Naveh, du Likoud (droite), la formation du premier ministre, un opposant au retrait, s'est lui aussi prononcé pour un report. "Un retrait sous le feu serait interprété par l'opinion publique palestinienne comme un aveu d'échec", a-t-il prévenu à la radio publique. "J'espère que ceux qui soutiennent l'idée du retrait reviendront sur leur position s'ils se rendent compte qu'une telle opération va se traduire par la prise de contrôle totale de la bande de Gaza par le Hamas", a-t-il dit.
En revanche, le vice-premier ministre (travailliste) Shimon Peres a catégoriquement rejeté un report. "Un tel retard ne ferait que rendre les choses encore plus difficiles et nous nuirait", a souligné M. Peres. Selon lui, "il faut négocier avec l'Autorité palestinienne et lutter contre le Hamas".
Le 9 mai, le chef de la diplomatie Sylvan Shalom avait déjà suggéré d'annuler le retrait de la bande de Gaza en cas de victoire du Hamas aux législatives. "Nous ne devons pas accepter un processus s'il aboutit à un suicide (...) le Hamas veut suivre l'exemple du Hezbollah (mouvement chiite libanais) et créer dans la bande de Gaza un Etat Hamas", avait souligné M. Shalom.
Mais dimanche, après une rencontre avec le Le roi Abdallah II de Jordanie, M. Shalom a affirmé qu'Israël se retirera comme prévu de Gaza. "Il n'y a pas de plan de report de ce retrait de Gaza", a dit le ministre israélien. "Nous avons une opportunité importante avec les Palestiniens et nous sommes déterminés à la saisir", a-t-il dit. "Le danger principal qui menace le gouvernement d'Abou Mazen vient du Hamas qui tente de détruire l'Autorité palestinienne", a-t-il dit en référence au dirigeant palestinien Mahmoud Abbas.
M. Shalom a également affirmé qu'Israël "permettra une assistance russe (aux Palestiniens) lorsque la sécurité sera bien ancrée et (que) nous serons sûrs qu'elle ne sera pas utilisée contre nous".
Jeudi, un proche de M. Sharon avait également indiqué qu'il "n'est pas question de changer les dates du retrait". "Si l'escalade se poursuit, nous frapperons de telle façon que ce sont les terroristes qui vont se trouver sous le feu, ce qui les obligera à s'arrêter", avait mis en garde ce responsable.
Par ailleurs, les responsables militaires ont décidé de reporter la collecte des armes distribuées par l'armée aux colons qui doivent être évacués de Gaza et de quatre colonies du nord de la Cisjordanie, a indiqué la radio publique.
Cette mesure a été prise "pour ne pas heurter les colons" qui dénoncent le retrait comme un "reddition face aux terroristes".

Avec AFP

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