LEMONDE.FR | 24.05.05 | 09h36 • Mis à jour le 24.05.05 | 09h51
Après l'annulation, lundi 23 mai, par le premier ministre chinois d'un rendez-vous avec son homologue japonais, la presse nippone déplorait, mardi, la dégradation des relations sino-japonaises. Les journaux de gauche blâmaient surtout le premier ministre, Junichiro Koizumi, pour son refus de renoncer à ses pèlerinages au sanctuaire patriotique du Yasukuni à Tokyo.
Les relations entre les deux géants asiatiques, au plus mal depuis trente ans, ont encore pris du plomb dans l'aile avec le camouflet infligé à Junichiro Koizumi, chez lui, par la vice-premier ministre chinoise, Wu Yi, qui a annulé une rencontre prévue lundi à Tokyo avec le premier ministre nippon.
"Il est très probable que les remarques de M. Koizumi sur ses visites au sanctuaire du Yasukuni sont à l'origine de cette annulation sans précédent", a estimé le quotidien Mainichi Shimbun, de tradition pacifiste. "C'est très regrettable parce que la rencontre aurait pu être une étape vers l'amélioration des relations sino-japonaises", a souligné le journal.
CONTROVERSE SUR LE SANCTUAIRE
M. Koizumi rejette systématiquement les critiques de Pékin et de Séoul à propos de ses pèlerinages au Yasukuni, en faisant valoir son refus de se laisser dicter sa conduite par des pays étrangers.
A la veille de la visite de Mme Wu, il avait d'ailleurs répété devant des députés que "les autres pays n'ont pas à s'ingérer dans la façon d'honorer nos morts", laissant entendre qu'il visiterait à nouveau le sanctuaire.
Titrant sur "l'ombre du Yasukuni", le Nihon Keizai Shimbun, le quotidien des milieux d'affaires, a également lié la "gifle" de Mme Wu à la controverse sur le sanctuaire.
"Nous avons demandé à M. Koizumi de s'abstenir de visiter le sanctuaire du Yasukuni tout en exhortant la Chine à corriger ses programmes scolaires antinippons. Il est dommage que rien ne se passe", a regretté l'influent Nihon Keizai Shimbun dans un éditorial.
A droite, le Sankei Shimbun a fustigé les dirigeants communistes chinois, qualifiant le geste de Mme Wu d'"absurde" et dénonçant le refus de Pékin de s'excuser et de dédommager Tokyo pour les violentes manifestations antijaponaises du mois dernier.
"Le Japon ne doit jamais mettre sa position [sur le sanctuaire du Yasukuni] dans sa poche", a asséné le Sankei, qui considère que l'annulation a vraisemblablement été directement ordonnée par le président chinois, Hu Jintao.
Depuis 2001, le premier ministre de droite se rend au moins une fois par an au Yasukuni, dédié aux 2,5 millions de soldats japonais tombés sous les drapeaux depuis la guerre civile de 1853, parmi lesquels figurent quatorze criminels de guerre condamnés par les Alliés après 1945. Sept de ces criminels de guerre ont été pendus, dont le général Hideki Tojo.
Ce sanctuaire shintoïste, en plein centre de Tokyo, est considéré par ses détracteurs comme un symbole du militarisme du Japon impérial des années 1930-1940.
Avec AFP et Reuters
24.5.05
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