AFP 01.06.05 | 11h56
La révélation de l'identité de "Gorge profonde", source-clé du Washington Post pour mettre au jour le scandale du Watergate, rappelle la capacité de sources anonymes à combattre d'éventuels abus gouvernementaux, soulignait mercredi la presse américaine."Gorge profonde", Mark Felt, numéro deux du FBI (police fédéral) au début des années 1970, a confié son secret à l'âge de 91 ans au magazine Vanity Fair, une information ensuite confirmée mardi par le Washington Post."En révélant des détails sur l'enquête du FBI sur le Watergate, il a violé les règlements de la police fédérale (FBI) et sans doute la loi. Mais rétrospectivement il est clair que sa décision était la bonne", a commenté mercredi le Washington Post.Deux jeunes journalistes du quotidien avaient révélé en 1972 le scandale des écoutes du Watergate et provoqué la démission du président Richard Nixon."Si (Mark) Felt s'était tu, Nixon aurait pu réussir l'un des plus sérieux abus de pouvoir jamais tentés par un président américain", a souligné le Washington Post dans son éditorial. Faisant référence aux récentes pressions de responsables gouvernementaux américains sur l'utilisation de sources anonymes par la presse, le journal a rappelé que "cette victoire clef de l'état de droit avait tenu au patriotisme secret d'une source appelée Gorge profonde, c'est à dire Mark Felt"."C'est bien de pouvoir l'honorer par son vrai nom de son vivant", a ajouté le journal.Evoquant également la controverse actuelle sur les sources anonymes, le New York Times s'est demandé s'il pourrait y avoir aujourd'hui un autre Watergate."A une époque où le droit des journalistes à conserver leurs sources anonymes est très attaqué, il est légitime de se demander si Gorge profonde aurait partagé ses secrets s'il n'avait pas eu confiance" dans ses interviewers, souligne le journal.Le New York Times a toutefois concédé que certains seront tristes de "la fin de trente années de spéculations sur Gorge profonde". "C'est un peu comme la découverte du secret de l'identité de Superman, Clark Kent", a ironisé le New York Times."Watergate a donné de la respectabilité aux sources anonymes", commentait pour sa part le quotidien USA Today. "Mais en les utilisant trop librement, la presse a fait des erreurs, a rapporté des histoires comportant des erreurs et même des histoires fictives, en perdant de la crédibilité auprès du public".Newsweek avait notamment désavoué le 15 mai un article publié deux semaines plus tôt affirmant, sur la foi d'un responsable américain anonyme, qu'un exemplaire du Coran avait été jeté dans des toilettes sur la base américaine de Guantanamo (Cuba), pour faire craquer des prisonniers musulmans. Le gouvernement américain avait lancé une virulente campagne contre l'hebdomadaire Newsweek.L'affaire est intervenue après plusieurs scandales ces deux dernières années touchant les médias et notamment leur usage des sources anonymes.
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