http://www.stopinfos.com/?page=int&id=386 le 01 juin 2005
Dans une interview à la presse arabe publiée le 31 mai, le chef d’état-major israélien résume ses vues sur les relations entre Israël et ses voisins, avant de passer le flambeau à son successeur.
De notre correspondant à Jérusalem, Israël. À la veille de son départ, le chef de l’état-major israélien, le Général en chef Moshe "Bougi" Yaalon donne une interview rare en son genre. Suite à une décision du ministre de la Défense, Shaoul Mofaz, Yaalon abandonnera le 1er juin son poste de chef des armées, où il sera remplacé par le général Dan Haloutz, jusqu’alors commandant en chef de l’armée de l’air. En conclusion des visites dans chaque arme de l’armée israélienne et des déclarations d’adieu faites en public, le chef d’état-major sortant a choisi de donner son dernier entretien en fonction au journal saoudien-britannique A-Sharq Al-Awsat, le plus lu dans le monde arabe, s’exprimant ainsi à l’ensemble du monde arabo-musulman.
Renoncer au Golan
Au sujet d’un éventuel retrait israélien du plateau du Golan, conquis à la Syrie en 1967 dans le cadre d’un accord de paix futur avec ce pays, Yaalon envisage un possible renoncement. "Israël pourra se protéger sur une ligne de défense alternative. Mais exclusivement à la condition qu’il y ait la paix, et que se trouve en Syrie un leadership sérieux et responsable". Le plateau, dominant de façon abrupte les villages israéliens de Galilée et l’accès au lac de Tibériade, constitue en effet un enjeu stratégique de premier plan, que les Israéliens hésitent à céder au voisin syrien. Ses déclarations sur le sujet ont provoqué en Israël de vives réactions parmi les députés, qui condamnant la légèreté d’un homme en fin de carrière qui n’a plus rien à perdre. Le chef du conseil régional du Golan, pour sa part, a déclaré: "nous respectons les opinions et les positions du chef de l’état-major sortant".
Des progrès limités
L’ancien responsable de l’armée israélienne s’exprime ensuite sur les derniers développements au sein de l’Autorité palestinienne (AP). "Nous sentons qu’Abou Mazen (NDLR: Mahmoud Abbas, chef de l’AP) hésite beaucoup, et nous ne voyons chez lui ni de détermination, ni de progrès sérieux. Les choses bougent peu et lentement, et en même temps les organisations terroristes profitent de la situation pour se renforcer. L’autorité aurait dû commencer les réformes immédiatement, et non attendre pour cela quatre mois". Et s’il loue les déclarations d’Abbas contre la poursuite des attentats anti-israéliens, il critique également les relations de l’AP avec les organisations terroristes palestiniennes. "Le Hamas continue de produire des missiles et de faire passer en contrebande des armements du Sinaï à la Bande de Gaza et à la Cisjordanie. L’AP aurait dû clarifier au Hamas et aux autres qu’elle n’accepterait pas cette voie. Je ne sais pas s’il y a une raison de faire participer le Hamas aux élections (MDLR: législatives cet été) avant même qu’ils ne soient devenus un parti politique". Yaalon note cependant le respect de la trêve observé par le Hamas. Par ailleurs, il regrette que rien n’ait été fait pour arrêter le commandant du Djihad islamique dans la bande de Gaza, Mouhammad Al-Hindi, après l’attentat commis à Tel-Aviv sous les ordres de celui-ci le 25 février 2005, en violation de ladite trêve.
Revenant sur la précédente période du conflit israélo-palestinien, celle marquée par le règne de Yasser Arafat, Bougi Yaalon condamne vivement celui-ci, qu’il accuse d’avoir été la cause de la poursuite du conflit durant quatre ans, et de son éclatement. À ses dires, Arafat espérait que la société israélienne s’écroule à cause des attaques, "mais elle n’a pas lâché. Déjà fin 1996, lorsque j’étais commandant de la zone Centre, j’avais clairement expliqué qu’Arafat lancerait la guerre en Septembre 2000 […]. Ce n’est pas un conflit à caractère populaire, mais une offensive terroriste armée".
Liens sécuritaires
En conclusion d’un entretien donné en arabe, qu’il raconte avoir appris intensivement lorsqu’il était chef du service de renseignement militaire israélien, le chef de l’état-major revient sur ses relations avec le monde arabe, et précise que des liens sécuritaires importants existent entre Israël et plusieurs pays arabes, notamment dans le Golfe et en Afrique du Nord. "J’ai d’excellentes relations avec le chef d’état-major jordanien, ainsi qu’avec ses officiers supérieurs. Nous sommes en contact permanent avec eux. Malheureusement, nous n’avons pas les mêmes liens avec les Egyptiens; cependant, nos liens avec eux sont globalement positifs".
Olivier Eytan
1.6.05
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