Le nouvel échelon de la reconstruction d’un Occident antiterroriste dont les Etats-Unis seraient les seuls bénéficiaires est en train de se bâtir. Les cinq principaux groupes américains de défense (Boeing, Oracle, Lockheed Martin) ont présenté mardi une alliance avec vingt-trois de leurs concurrents européens (EADS, BAE Systems et Saab) et d’autres entreprises américaines de haute technologie (Honeywell International) visant à développer des standards technologiques permettant d’améliorer la communication entre les futurs systèmes d’armement.
Emmené par Boeing, ce « Network Centric Operations Industry Consortium » entend développer une sorte de « code » commun permettant aux états-majors et aux services de renseignement d’utiliser des systèmes d’origines diverses capables de communiquer entre eux. Il tire les conséquences des incompatibilités entre technologies différentes qui ont parfois causé des difficultés aux troupes américaines en opérations. Ces problèmes de communications, inhérents à C4I2R, avaient déjà perturbé les transmissions entre pompiers et policiers le 11 septembre 2001 après les attentats de New York et Washington.
Carl Berry, vice-président de Boeing et ancien général de l’US Air Force, a déclaré lors d’une conférence de presse que des standards technologiques communs permettraient à l’avenir de sauver des vies sur le champ de bataille et parmi les civils. Mais il a ajouté s’attendre à accueillir de nouveaux membres et expliqué que le Pentagone, les services de renseignement et d’autres agences gouvernementales contribueraient à orienter ces travaux dans le cadre d’un comité de conseil présidé par Paul Kaminski, ancien directeur des achats du Pentagone. « Ce consortium ne réduit pas la concurrence », a dit Kaminski. « Le problème est d’éviter une concurrence inutile à propos de normes qui ne seraient pas ouvertes ».
Il offre surtout le contrôle par les Etats-Unis, de secteurs entiers de l’économie européenne, stratégiques pour eux et pas encore identifiés par l’Europe. Cette initiative prend la suite de l’acquisition de Gemplus, entreprise spécialisée dans la fabrication de puces informatiques. Elle constitue un pas de plus dans la bataille de l’information que se livrent les Etats-Unis et leurs adversaires, alliés diplomatiques ou ennemis idéologiques confondus. Surtout, au moment où l’entrée sur le sol américain est soumis à de plus en plus restrictif, l’enjeu de l’information est essentiel dans un monde soumis à la psychose terroriste. Rétrospectivement, Georges Orwell avait tout écrit en 1954. A peine s’était-il trompé d’Empire…
30.9.04
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