Le Lancet a publié, dans son édition du 2 octobre, un intéressant article d’une équipe humanitaire française sur l’état d’une population civile soumise à la guerre. La violence au Darfour, au Soudan, s’est traduite par le déplacement de plus d’un million de personnes [Evelyn Depoortere, Francesco Checchi, France Broillet, Sibylle Gerstl, Andrea Minetti, Olivia Gayraud, Virginie Briet, Jennifer Pahl, Isabelle Defourny, Mercedes Tatay, Vincent Brown, « Violence and mortality in West Darfur, Sudan (2003-04) : epidemiological evidence from four survis », The Lancet, vol. 364, n° 9441, 2 octobre 2004, pp. 1-6]. Des conséquences sanitaires étaient inévitables. Il s’agit là de la première étude épidémiologique de l’effet des incursions armées sur la mortalité. Elle est nécessaire pour fournir une base appropriée pour l’aide à ces civils déplacés.
Entre avril et juin, 2004, les auteurs parisiens d’Epicentre et de Médecins sans frontière (MSF) ont enquêté rétrospectivement sur 215 400 personnes déplacées dans quatre centres du Darfour occidental (Zalingei, Murnei, Niertiti, EL Geneina). La chronologie de la mortalité couvre les périodes de déplacement et de d’après-déplacement pour Zalingei, Murnei, et Niertiti, mais pas pour EL Geneina. Les chefs de familles ont fourni les dates, causes et lieux de décès, puis ont décrit la structure de famille.
Avant leur arrivée aux emplacements de déplacement, les taux de mortalité (exprimés par 10 000 et par jour) étaient de 5,9 à Zalingei, de 9,5 à Murnei, et de 7,3 à Niertiti. A titre de comparaison, le taux de mortalité dans une population subsaharienne en paix est de 0,5. La violence représentait 68-93 % des causes de décès. Elle concernait la plupart du temps des hommes adultes ; le risque d’être tué durant cette période a été estimé être multiplié par 29,1 à 117,9 pour les hommes comparativement aux enfants de moins de quinze ans. Le sexe ratio s’établit, dans certains centres, à 61 hommes pour 100 femmes âgés de plus de quinze ans. La plupart des ménages se sont sauvés en raison des attaques directes contre les villages. Dans les zones de camps, les taux de mortalité sont tombés, demeurant toutefois dix0 fois supérieures aux moyennes attendues pour les populations d’Afrique sub-saharienne, avec une crête de 5,6 à EL Geneina. La violence a persisté même après le déplacement. Les pyramides d’âge et de sexe des populations survivantes publiées par l’étude restent aléatoires, mais démontrent bien un déficit chez les hommes.
Cette étude, qui a été faite dans un contexte difficile, fournit l’évidence épidémiologique de cet effet des conflits sur les civils. Elle confirme la nature sérieuse de la crise au Darfour. Elle renforce surtout les résultats constatés pour d’autres de guerre.
Source : http://image.thelancet.com/extras/04art9087web.pdf
7.10.04
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