25.11.04

La CIA en crise : une crise pour rien

Al Qaïda était une défaillance classique de la CIA. Elle n’est pas un agent national, mais un réseau virtuel d’islamistes. Ces derniers étaient bien sûr observés par la CIA, mais le 11 septembre était complètement en dehors des problématiques de travail des services de renseignements du monde entier. Le modèle de terrorisme sur lequel ils travaillaient n’incluaient pas ce genre d’attaque. Cependant, la CIA n’a pas réussi dans sa mission essentielle, qui est de recruter des sources de haut niveau en Irak, dans un climat de guerre latente depuis 1990. Il n’y avait ni discontinuité temporelle, ni groupe non-national. Tout le monde était identifié. C’était un simple travail de collecte d’information.
Mais la CIA a commis une série d’erreur : elle n’a pas averti les présidents Clinton et Bush qu’il n’y avait plus d’armes de destruction massive depuis 1998 ; elle n’a pas compris les plans de guerre de Saddam Hussein, ni prévenu Bush des conséquences de la chute de Bagdad ; elle n’a pu fournir une analyse claire du statut des shi‘ites en Irak et de leur collusion avec les services iraniens.
L’absence de prévision des attaques du 11 septembre était finalement un échec fonctionnel de la CIA. Les manières dont elle rassemble l'information et son processus analytique ont uniformément produit des échecs à ce niveau. Quand un établissement ne fait pas bien un certain type de travail pendant cinquante années, il est à peine juste pour le condamner quand il répète l'échec. Les échecs pour lesquels elle peut être condamnée, cependant, tiennent aux fondamentaux de la profession, le recueil et l’analyse des informations pendant la campagne d'Irak.
Voilà où se situe le débat. L’Administration Bush a accepté l’échec du 11 septembre ; elle ne laissera pas passer la faillite irakienne. L’Agence a répondu en en estimant qu’elle avait été forcée de manipuler les informations et qu’elle avait fourni de bonnes analyses, mais qu’elles avaient été systématiquement ignorées. L’Administration a répondu qu’elle n’avait forcé personne à biaiser les informations et que l’argument des bonnes analyses était annulé par les manipulations. Pour la Maison-Blanche, la CIA s’est simplement trompée dans son travail et essaye de s’en sortir en criant à la politisation.
Il en découle deux séries de conclusions. Premièrement, le fait que l'agence soit exonérer pour le 11 septembre est le problème le plus sérieux. Son incapacité confirmée à capturer les discontinuités temporelle n'est pas une simple faiblesse, mais une imperfection inacceptable. Etre bon dans les petites opérations ne veut rien dire si une agence est incapable à mener les grandes. Sur cette seule base, la CIA devrait être reconstruite. Mais ce n'est pas sur cette base que l'Administration entend agir.
Au lieu de cela, elle s’achemine vers une réorganisation fonctionnelle. Bien sûr, les échecs de la CIA en Irak sont trop nombreux pour être expliqués par la pression politique. Son incapacité confirmée à produire une analyse objective est seulement provoquée par le conservatisme inhérent au processus complexe que Tenet a instauré. Sur ceci, on ne peut que suivre l'Administration.
Cependant, le problème n'est pas simplement d'améliorer un processus qui fonctionne bien sur de petites choses. L'Administration n’a pas apprécié que les énormes échecs de la CIA sur les grandes choses sont le problème réel. Il est apparent depuis la chute du mur de Berlin. L'Administration manque sa chance de reconstruire le renseignement américain sur de nouvelles bases — et il n'y a plus de meilleur temps pour le faire que pendant une guerre, comme « Wild Bill » Donovan et l'OSS l’ont montré.

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