3.12.04

La défense avance, l'Europe progresse

Avec une force de sept mille soldats, la Force de l’Union européenne (Eufor) lance l'opération "Althea". Elle reprend toutes les missions de maintien de la paix des troupes de la Force de stabilisation de l'OTAN en Bosnie (SFOR) et compte s'attaquer à la criminalité organisée. Seule la traque des criminels de guerre demeure partagée entre Européens et Américains.
Avec le lancement de cette opération, l'Union européenne relève le défi de l’existence militaire. Après avoir obtenue l’homologation Force de réaction rapide de l’Alliance, elle succède pour la seconde fois à l'OTAN, après la prise en charge de l’état-major au Kosovo par le Corps européen ; dans le présent, les Etats-Unis ont longtemps retardé cette relève politique. Mais l’Union assume ainsi réellement, pour la première fois, une mission militaire de grande. Dans le cadre du mécanisme de « Berlin plus », elle peut utiliser les moyens et capacités de l'Alliance, du moins en théorie puisqu cette collaboration ne s'est pas trop bien passée lors de l'opération Concordia en Macédoine.
La Suisse a été sollicitée par la Grande-Bretagne, nation dirigeante pendant la première année de l’Eufor, pour participer à la brigade britannique avec une ou deux équipes de liaison et d’observation (Liaison and Observation Team = LOT), de huit personnes chacune et jusqu’à quatre officiers supérieurs de l’armée suisse. Les équipes de liaison et d’observation sont homogènes quant à la nationalité de leurs membres et doivent être stationnées près d’emplacements connus de conflits potentiels. Dans le sens d’une détection précoce, elles peuvent alarmer des réserves opérationnelles pour d’éventuelles interventions et doivent établir d’étroits contacts avec la population, les autorités locales et les organisations internationales qui travaillent dans la même région. Dès la fin de 2004, la Suisse, dans une première phase, veut prendre part à l’EUFOR avec une équipe de liaison et d’observation et deux officiers supérieurs. Comme les militaires volontaires engagés dans cette mission seront armés pour leur propre protection et que cet engagement durera plus de trois semaines, celui-ci doit être approuvé par l’Assemblée fédérale, conformément à l’art. 66b, al. 4, de la loi fédérale sur l’armée et l’administration militaire (LAAM).
L’Eufor prend donc une spécificité plus politiqua au sein de l’Union européenne. Depuis la rencontre franco-britannique de Saint-Malo en 1998 et les Conseils européens de Cologne (juin 1999) et d'Helsinki (décembre 1999), quatre interventions civiles et militaires ont été menées par l'Union européenne au titre de la politique européenne de sécurité et de défense (PESD) : une première opération de police en Bosnie-Herzégovine pour prendre les suites de l'opération de police de l'ONU, à partir du 1er janvier 2003 ; une première opération militaire en Macédoine « Concordia » pour remplacer une force de l'OTAN, suivie d'une intervention militaire en République démocratique du Congo « Artemis » sans aucun recours aux moyens de l'OTAN, mais sous mandat de l'ONU ; enfin une opération de police, en Macédoine « Proxima », pour prendre le relais de l'opération militaire de l'Union européenne dans ce pays, à partir du 15 décembre 2003. Mais aucune n'a l'importance du nouvel engagement de l'Union européenne en Bosnie-Herzégovine. Cette opération militaire sera donc un test de la capacité militaire de l'Union dans la gestion des crises.

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