14.1.05

Benchmarking (2)

Les Américains en Indonésie. Ils envoient leurs équipes du génie pour rétablir ponts et routes afin d’acheminer l’aide humanitaire. Après les rotations en hélicoptères, organisées pour partie par les services de la logistique et des affaires civiles, voilà que les Etats-Unis renouent, pour le 60e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Mais on est en Asie et la référence n’est pas vraiment la Normandie ou la Provence, ni même le Vietnam. Les débarquements de Marines sur la côte meurtrie de la province d’Acee sont à mettre en rapport avec la Somalie. Non avec la Chute du Black Hawk, largement médiatisée, mais avec les nuées de journalistes sur les plages attendant les vagues d’assaut de soldats qui avaient, peu avant, sécurisé la zone et rejouaient la scène pour les médias. Cette fois, les prises de vues sont organisées par l’armée américaine, qui met à la disposition des reporters d’images ses hélicoptères.
Le débarquement, véritable « tête de pont » médiatique de l’organisation de l’aide américaine, répond, bien entendu, à un impératif de « diplomatie publique », à savoir montrer que le musulman abandonné peut faire confiance au soldat américain. C’est un poncif de la communication militaire, depuis ses origines où on l’appelait encore propagande. Nombre d’affiches depuis la Seconde Guerre mondiale, nombre de photographies montrent l’inévitable mirliton en tenue d’apparat ou en pataugas tenant un bébé ou nourrissant un enfant. La problématique visant à améliorer l’image américaine est également ancienne, puisqu’elle relève d’un sous-secrétariat au Département d’Etat. On se souvient de la nomination de la publicitaire Charlotte Beers à ce poste, juste après le 11 septembre 2001. On se souvient également de son départ fracassant le 3 mars 2003.
La démonstration militaire est également destinée à célébrer la première armée du monde, capable de projeter des troupes efficaces sur de multiples théâtres d’opération (Irak, Afghanistan, Philippines…) pour participer à différentes missions (guerre d’occupation, guerre contre le terrorisme, soutien humanitaire). Elle est la seule armée au monde à pourvoir le faire. On le voit bien avec les difficultés que les pompiers français ont connues pour monter leur hôpital de campagne ou le train de sénateur de la Jeanne d’Arc et de son groupe de soutien.
Contrairement à ce que d’aucuns croyaient après la chute du mur de Berlin, les armées sont la vitrine de la volonté politique d’un pays. Une armée de gueux n’a plus aucun avenir aujourd’hui. Non du fait de la Révolution dans les affaires militaires, mais bien parce que la projection extérieure témoigne de la présence d’un Etat aussi bien qu’une ambassade. Il importe donc que des troupes soient dépêchées sur tous les fronts qui peuvent se présenter, qu’il soit militaire ou non. La cellule de réaction humanitaire rapide du bon docteur Kouchner ne lui a pas survécu en France. Pourtant, elle avait permis aux armées de renforcer leur capacités opérationnelles alors que les politiques procédaient à des coupes sombres dans les budgets militaires. Qu’en est-il aujourd’hui ? La Suisse se débrouille mieux. Elle dépêche avec efficacité son armée de milice partout en Europe. Les Australiens jouent admirablement leur rôle de gendarmes du Pacifique sud. On se souvient de leur intervention « humanitaire » au Timor ; leur présence a suffi à régler la question de l’autonomie de ce territoire.
A contrario, l’expérience des différentes armées dans ces différentes opérations permet une interopérabilité accrue. L’Europe de la défense, comme le maintien du lien transatlantique se trouvent dans cette confrontation opérationnelle. Elle montre aussi les limites de chacun et fait émerger les pays leader.

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