13.1.05

Guerre de l’information en marge des relations russo-israéliennes

La Russie a assuré mercredi n’avoir constaté aucun « signes » de crise grave avec Israël, démentant ainsi des informations de plusieurs médias israéliens, reprises par la presse russe. « Nous ne constatons aucun signe de détérioration de nos relations avec Israël », a déclaré le porte-parole de la diplomatie russe, Alexandre Iakovenko, dans un communiqué.
« Au contraire, selon notre estimation, les relations russo-israéliennes se développent de manière stable et constructive. Il n’y pas matière à parler d’une dégradation de nos relations avec Israël. Et, d’après les communiqués du service de presse du Premier ministre d’Israël, la direction de ce pays est du même avis », a-t-il relevé. Il a souligné que « les échanges entre délégations » des deux pays continuaient et en a pris pour preuve la visite à l’automne en Israël du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. L’ambassade d’Israël à Moscou a également affirmé mercredi à l’AFP qu’il n’y avait « pas de crise entre les deux pays », mais elle s’est refusé à tout commentaire sur la teneur des articles publiés le matin dans la presse russe. Le service de presse a notamment refusé de commenter l’information du quotidien Kommersant selon laquelle que l’ambassadeur d’Israël Arkadi Mil-Man aurait été rappelé par son autorité de tutelle.
Mercredi matin, la presse israélienne s’est fait l’écho d’une grave crise née ces dernières semaines entre Moscou et Jérusalem, la liant indirectement à une visite prévue prochainement à Moscou du président syrien Bachar al-Assad au cours de laquelle pourraient, selon les médias, être décidées des ventes d’armes. La presse russe assurait mercredi matin que la Russie s’apprêterait à vendre à la Syrie des missiles « Iskander-E ». Selon Kommersant, ces missiles d’une portée de 280 kilomètres et d’une grande précision de tir (l’écart maximal par rapport à la cible étant de vingt mètres) pourraient atteindre, depuis la Syrie, presque tout le territoire israélien.
Une vieille tradition israélienne veut que, lorsque pointe l’heure des discussions budgétaires, Tsahal agite diverses menaces sécuritaires. Généralement, et c’est aussi le cas cette année, elle utilise en guise d’épouvantail le nom de l’ayatollah Ali Khamenei, le guide spirituel iranien, considéré comme un dur du régime de Téhéran. Seulement, à en croire certains commentaires de Tzvi Barel dans le journal Haaretz, la ficelle semble être devenue un peu trop grosse (cf. Courrier international, n° 736 du 9 décembre 2004, « Une menace bien commode pour Israël »). Aujourd’hui, profitant des combats autour des fermes de Cha‘aba, au pied du plateau du Golan revendiqué par la Syrie depuis 1967, une opération d’information est lancée contre la Russie. L’objectif est de faire échouer la vente des missiles.
Ce processus est régulièrement utilisé par les forces de défense israéliennes. On se souvient des accusations d’antisémitisme contre la France au lendemain du déclenchement de la seconde Intifada. Mais ces attaques informationnelles ne pas uniquement israéliennes, pas plus qu’elles ne datent d’aujourd’hui. Elles appartiennent à l’arsenal des opérations psychologiques, que la Révolution dans les affaires militaires a contribué à remettre dans l’actualité. Elles sont même entrées dans le domaine économique à l’occasion des traces de benzène dans les bouteilles de Perrier vendues sur le marché américain. Son fonctionnement est d’autant plus simple aujourd’hui qu’il dispose des technologies de l’information pour proliférer. Le véhicule médiatique est facilement utilisable à partir d’Internet. Les rumeurs deviennent facilement information. Les deux guerres du Golfe ont montré, si besoin était, combien il était simple de vendre un conflit, malgré les sentiments des opinions publiques. Les attaques d’USaid contre la France, dans le cadre de l’aide apportée aux victimes du tsunami, montrent qu’aucun domaine de la vie internationale n’échappe à ces pratiques.

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