Au lendemain de la victoire de Mahmud Abbas, un activiste des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa liées au mouvement Fatah a été tué par une unité spéciale de l'armée israélienne à Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie. L'homme tué est Sanad Ghanam, vingt-six ans. Ce décès porte à 4 679 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifada, en septembre 2000, dont 3 632 Palestiniens et 972 Israéliens. Un second activiste du même groupe armé et une femme ont été également blessés par les tirs israéliens.
Cette flambée de violence qui a émaillé la campagne présidentielle est à mettre en rapport avec l’attitude des différentes composantes de la résistance palestinienne depuis la mort d’Arafat. Si elles ont unanimement pleuré la mort du raïs, elles n’en ont pas toutes déduit la même mutation politique. Car la fin de la violence semble inscrite dans les faits. Même si la démocratie ne ressemblera pas à l’occidentale, ni même à sa voisine israélienne, ces mouvements de résistance ont l’opportunité de se renouveler, non dans la violence, mais dans la politique. La concurrence des Brigades et du Hamas était générée par la nécessité de ne pas voir le Fatah se laisser déborder par les islamistes. L’enjeu est politique et Israël n’est en rien le déclencheur, juste la victime expiatoire.
Le pire que l’on puisse souhaiter aux groupes palestiniens est une mutation à la Hizb‘allah libanais. Tous, qu’ils soient islamistes ou non, appartenant ou nom à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), ont développé des structures sociales, dont découlent des réalités partisanes. Ce clientélisme méditerranéen représente le mieux les structures démocratiques des sociétés de la région. Sur ce clientélisme se greffe un appareil militaire qui médiatise le combat contre l’ennemi idéologique. Avec le départ des troupes israéliennes et de ses supplétifs de l’Armée du Liban sud, en 2000, le Hizb‘allah a tiré les conséquences de cette pacification pour se muer en parti politique, devenant ce qu’il avait toujours été, un Etat dans l’Etat. Périodiquement, autour des fermes de Cha‘aba, il échange des tirs d’artillerie contre les positions israéliennes. Mais, pour le gouvernement libanais, ce groupe est devenu un interlocuteur de premier ordre.
La construction de l’Etat palestinien doit se faire par l’inclusion des différents groupuscules, milices qui ont mené la résistance. La personnalité de Yasser Arafat présentait l’inconvénient de laisser croire à l’unilatéralité de l’OLP. De là découlent les arrangements avec les islamistes, la corruption endémique, la paralysie de la vie sociale du fait de la seconde Intifada, entretenue thérapeutiquement Avec Abû Mazzen, l’Autorité palestinienne a la possibilité de se transformer en véritable gouvernement, donnant naissance à un véritable Etat. La paix avec Israël ne commence pas avec les bonnes dispositions d’Ariel Sharon. Elle commence avec la pacification de la société palestinienne.
12.1.05
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