18.1.05

La tactique du gendarme

De toutes les armées françaises, une seule est spécialisée en lobbying : la gendarmerie. Après avoir réussi à créer son club des gendarmes européens à vocation mondialiste, voilà que le pandore français va disputer au carabinier italien et policier allemand la formation des forces de police irakiennes. Gendarmiquement, il s’agit d’un pas de plus pour la promotion de la quatrième armée française. Les terrains d’entraînement de Saint-Astiers vont connaître une notoriété internationale. Cette « politique extérieure » autonome renforce le poids de l’institution dans les instances politiques françaises. Il s’agit en effet de la seconde initiative qu’elle réussit à imposer, au nez et à la barbe de sa grande rivale terrienne, au ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie. En arrière-plan se situe la lutte pour les effectifs, au moment où l’armée de terre entreprend sa nouvelle campagne de recrutement…
Politiquement, il s’agit d’un premier signe concret du réchauffement des relations entre la France et l’Irak. Vendredi, à l’issue d’une visite officielle de deux jours du président irakien Ghazi al-Yaouar, son porte-parole a annoncé que Paris avait proposé de participer à l’entraînement des policiers irakiens. Il s’agit d’« assurer la formation d’une force de sécurité irakienne de mille cinq cents hommes. Elle sera assurée par un encadrement d’une trentaine de gendarmes français sur une période de dix-huit mois et sera réalisée dans un pays voisin de l’Irak ou en France même ». Les éventuels stages, qui pourraient démarrer d’ici à trois mois, seront cependant « indépendants des actions de formation effectuées par la force multinationale ou par l’Otan ». Tout dépend désormais d’une « acceptation de l’offre par les autorités irakiennes ».
La proposition française n’est en fait pas nouvelle. Formulée il y a plus d’un an, elle n’a pour l’instant pas été suivie d’effet. Jacques Chirac avait notamment souscrit à un projet monté par le chancelier Gerhard Schröder d’aider à la mise en place des forces de sécurité en Irak. Mais, alors que l’Allemagne a déjà formé plusieurs centaines de policiers irakiens, la France n’a reçu aucune réponse. Les tensions franco-américaines, via un gouvernement intérimaire irakien mis en place par Washington, seraient à l’origine de cette mise à l’écart. Cette fois, Bagdad pourrait accepter la main tendue. Avant son arrivée à Paris, l’entourage du président irakien indiquait qu’il voulait « relancer les relations, anciennes et profondes, entre Paris et Bagdad, et remercier Jacques Chirac pour avoir voté la résolution transférant la souveraineté à notre pays». Le président Jacques Chirac a lui délivré au président al Yaouar « un message de soutien au processus de reconstruction politique et économique » de l’Irak.

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