4.1.05

Questions sur un raz-de-marée

La gestion internationale de la crise asiatique appelle quelques interrogations, tant sur le rôle des Etats que sur la couverture médiatique. Les images à sensation ont fait la « Une » des journaux, presses écrite et audiovisuelle confondues, pendant la semaine de Noël. Depuis le début de l’Année, c’est au tour des cadavres et des destins brisés. Ce travers médiatique est bien courant, surtout en cette période des confiseurs où l’actualité est si peu intéressante. Alors, si on peut remplacer les traditionnels sapin de Noël et bûche glacée, pourquoi hésiter ? Il est clair qu’il ne s’est rien passé ailleurs, mis à part un incendie à Buenos Aires et à Mulhouse. Même les feux de voitures de la Saint Sylvestre de Strasbourg n’ont pas été mis en avant. Tous médias confondus ont oublié l’Irak, la Palestine, la Tchétchénie, Haïti même, dont les conditions sanitaires ne se sont guère rétablies depuis le dernier ouragan…
L’agenda médiatique n’en a que pour la distribution d’aide à Banda Atjeh, pour Meulaboh, ville martyre, pour les scènes de deuil en Inde, les ravages en Thaïlande, la désolation au Sri Lanka, l'Indonésie sous le choc, la tragédie européenne. Et la Birmanie ? Personne n’en parle. Pourtant, dix sept villages ont été sinistrés et cinquante-trois morts recensés. L’UNICEF et la Croix Rouge sont en action et le Programme alimentaire mondial doit entrer en action. Les médias britanniques et australiens lui accordent cependant une attention particulière, en raison du lien historique…
Cette surmédiatisation des événements sud-asiatiques et ses cônes de silence ont toutefois le mérite de démontrer quelques réalités. La petite cérémonie d’hier, à Washington, entre George W. Bush, président en exercice, et deux de ses prédécesseurs, Georges H. Bush et William J. Clinton, chargés de mobiliser les dons privés, fait éclater au grand jour l’évidence des limites de l’aide publique des pays riches aux pays pauvres. Du moment qu’il s’agit de mobiliser les canaux traditionnels (rééchelonnement de la dette, aide technique…), les Etats disposent des ressources nécessaires. Mais lorsqu’il s’agit de débloquer des fonds, l’argent semble manquer. Il ne s’agit pas de pingrerie, comme l’ont pointé les Nations unies. Simplement, les conditions nouvelles d’équilibre monétaire font que les disponibilités de l’Etat sont limitées. Le puit sans fond des budgets nationaux est tari. Voilà qui explique le manque apparent de réaction de l’Union européenne…
Seules restent les disponibilités militaires. Les hélicoptères américains du groupe aéronaval Abraham Lincoln étaient sur zone dès le 26 décembre. Pourtant, les médias n’en ont parlé que bien plus tard, lorsqu’ils pointèrent l’absence américaine. Entre la première intervention américaine et l’arrivée de l’aide humanitaire, cinq jours étaient passés. Les contingents nationaux envoyés entre temps étaient bloqués sur les tarmacs des différents aéroports pendant le même temps…

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