19.1.05

Retour sur la guérilla irakienne : les premiers jours

Depuis la déclaration de la fin de la guerre, le 1er mai 2003, et jusqu’au 29 novembre, la guérilla irakienne fait montre de la fragilité de l’armée américaine, malgré l’énorme supériorité technologique et guerrière, dans le cadre d’un conflit asymétrique et donne la pire image qu’il est possible de donner lors d’une mission d’occupation : celle de la vulnérabilité. Le premier grave signal fut l’attaque de l’hôtel Rachid, à Bagdad. En pleine visite du sous-secrétaire de la défense nord-américain, Paul Wolfowitz, seconde autorité dans le domaine militaire et stratège de l’invasion, deux missiles furent tirés sur le local du logement central des autorités de l’occupation. Ces missiles détruisirent plusieurs étages, tuant un colonel et atteignant presque Wolfowitz lui-même. Un hélicoptère Black Hawk avait été abattu la veille ainsi que deux autres hélicoptères dans les jours suivants : un Chinook, avec 16 morts et un autre Black Hawk avec au moins 6 militaires américains tués. Deux hélicoptères Black Hawk de plus furent abattus en fin de semaine à Mosul, dans le nord de l’Irak, tuant 16 soldats. Les attaques visant les hélicoptères, les troupes, leurs agents policiers ou les membres du gouvernement transformèrent l’Irak en un enfer pour ses occupants : il y a déjà en moyenne 33 attaques par jour.
Selon les journalistes, l’aéroport de Bagdad se trouve dans une situation précaire ; il est risqué d'y faire décoller des avions à cause des roquettes et des missiles. Un avion de l’entreprise DHL fut atteint par un missile alors qu’il décollait. La zone verte, région de Bagdad où sont situées les installations centrales de l’armée américaine, est sous la menace constante de bombes et de roquettes.
Le pétrole, grand objectif de l’occupation, ne peut être administré ni utilisé sans qu’auparavant les américains ne contrôlent et n’assurent les oléoducs qui transportent le pétrole pour l’exportation. Mais ces derniers sont victimes de sabotages constants et le préjudice est énorme. Les coûts de l’occupation se multiplient. Ils s’élèvent déjà à 4 mille millions de dollars par mois, sans compter les 87 mille millions de dollars votés par le Congrès.
Cette situation est-elle soutenable ? Les Etats-Unis peuvent-ils continuer à protéger seuls les installations militaires et pétrolières tout en étant la cible de la haine de toute une population et devant assumer des frais sans un retour immédiat ? Jeffrey Sachs, un économiste néolibéral très confiant qui conseilla les privatisations en Bolivie et en Russie, écrivit un article affirmant l’absurdité d’une « perte d’argent qui pourrait être évitée par une "solution politique" ». Quelle serait cette solution ? Les occupants ne peuvent instaurer la démocratie dans le pays qu’ils occupent car pour ce faire, ils devraient retirer leur troupes d’occupation ; ils ne peuvent pas non plus demander l’opinion du peuple irakien sur les décisions fondamentales car la première chose que leur demanderaient les Irakiens serait qu’ils s'en aillent de l’Irak.

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