10.1.05

Un officier français a été tué au Liban sud

LE MONDE | 10.01.05 | 14h08

Jean-Louis Valet a été victime d'un échange de tirs, dimanche, près des hameaux de Chebaa.
La petite guerre oubliée que se livrent Israël et le Hezbollah libanais autour du lieudit des hameaux de Chebaa, aux confins de la Syrie et du Liban, a fait un mort, dimanche 9 janvier : Jean-Louis Valet, un officier français de l'Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve (Onust). Un observateur suédois du même organisme a, quant à lui, été blessé, ainsi que leur chauffeur libanais. La ministre française de la défense, Michèle Alliot-Marie, a rendu hommage, dimanche, à l'"officier français tombé au service de la paix au Liban".
D'après un porte-parole de la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, ce sont des tirs israéliens "provoqués par d'autres en provenance du territoire libanais" qui ont tué l'officier français et blessé les deux autres hommes. Bien que le conflit de basse intensité qui oppose l'Etat juif au Hezbollah aux limites de ce secteur n'ait pratiquement jamais cessé, cet incident est le premier à entraîner mort d'homme au sein du corps des observateurs internationaux, depuis le retrait, en mai 2000, de l'armée israélienne de la bande frontalière qu'elle occupait au Liban sud.
Le Hezbollah, dont un milicien a été tué dans l'échange de tirs, répète, depuis quatre ans, que ses armes continueront de parler aussi longtemps qu'Israël n'aura pas évacué les hameaux de Chebaa, un territoire de 24 km de long sur 13 à 15 km de large. Le Liban affirme que cette zone est libanaise depuis les années 1920, que ses terres appartiennent à des habitants du village de Chebaa, qui leur fait face, et que l'armée syrienne ne s'y est installée qu'en 1950, à cause de la proximité d'Israël.
L'Etat juif, qui a occupé lesdits hameaux lors de la guerre israélo-arabe de 1967, à laquelle le Liban n'a pas pris part, considère que cette zone est un territoire syrien et qu'en conséquence il n'est pas concerné par la résolution 425 du Conseil de sécurité, en vertu de laquelle l'armée israélienne a évacué, avec vingt-deux années de retard, la "zone de sécurité" qu'elle avait établie au Liban sud en 1978. A ce jour, les Nations unies ne se sont pas prononcées sur la souveraineté de cette zone.
Ce conflit est à l'origine d'échanges de tirs réguliers entre les miliciens du Hezbollah et l'armée israélienne. Ce fut encore le cas dimanche 9 janvier. Le Hezbollah a, par ailleurs, affirmé avoir fait exploser une charge au passage d'un véhicule militaire israélien dans cette zone, tuant un militaire israélien.
Israël, qui a mené des raids aériens au Liban sud, tuant un civil, a confirmé la mort d'un de ses militaires, un officier "du grade de lieutenant, commandant en second d'une compagnie du régiment d'infanterie d'élite Golani", tué dans une explosion. Le chef du Parti travailliste israélien, Shimon Pérès, a rejeté principalement sur la Syrie la responsabilité de l'attaque du Hezbollah, qu'il tient pour un "acte de provocation". Dès vendredi, le Hezbollah avait prévenu qu'il riposterait à des tirs israéliens qui ont touché une fourgonnette transportant trois civils du côté libanais de la "ligne bleue" tracée par l'ONU au Liban sud après le retrait israélien de l'an 2000.
En violation de cette "ligne bleue", supposée ne pas préjuger de la délimitation définitive de la frontière entre Israël et le Liban, une fois qu'un accord de paix aura été signé, l'aviation militaire israélienne effectue régulièrement des survols du territoire libanais. En décembre 2004 encore, les Nations unies avaient exprimé leur vive inquiétude à propos de ces survols. Elles avaient rappelé au Liban et à Israël leurs engagements et souligné qu'aucune violation ne justifie une autre en riposte.
Début novembre, en représailles précisément à ces vols, le Hezbollah avait annoncé avoir réussi à faire survoler le nord d'Israël par un drone. Le Hezbollah affirme que cet avion espion sans pilote a été fabriqué et manipulé par des Libanais, mais Israël est convaincu qu'il a été livré par l'Iran à la milice chiite libanaise.

Mouna Naïm
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 11.01.05

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