8.2.05

Give peace a chance

La réunion de Charm el-Cheikh se présente sous les meilleurs auspices. Les Etats-Unis et Israël se sont prononcés de longue date sur leur volonté de voir se créer cet Etat dont rêvent depuis si longtemps les Palestiniens. Mais la mort de Yasser Arafat a ouvert une fenêtre pour la paix comme jamais depuis Oslo. Un nombre grandissant de Palestiniens et d’Israéliens est favorable à une coexistence pacifique entre deux États, révèle un sondage publié le 18 janvier dernier. Les deux communautés sont également davantage disposées au compromis sur la question des réfugiés palestiniens, mais restent opposées sur celle du statut de Jérusalem, montre cette étude effectuée par le prévisionniste palestinien indépendant Khalil Shikaki et son collègue israélien Yaacov Shami.
Cinquante-quatre pour cent des Palestiniens sont favorables à un accord de paix avec Israël prévoyant la création d’un État palestinien comprenant 97 % de la Cisjordanie, la totalité de la bande de Gaza et 3 % du territoire israélien cédé par l’État juif en échange. Un an auparavant, ils n’étaient que 39 % à accepter un tel compromis. Les Israéliens se déclarent à 64 % d’accord avec une telle solution, contre 47 % il y a un an.
Sur la question des réfugiés, 46 % des Palestiniens acceptent que la plupart d’entre eux regagnent un nouvel État palestinien, et non le territoire israélien, alors que 50 % s’opposent à cette idée. En décembre 2003, seuls 25 % des Palestiniens envisageaient une telle possibilité et 72 % la rejetaient. En revanche, l’avenir de Jérusalem continue d’être un sujet majeur d’opposition. Cinquante-quatre pour cent des Palestiniens sont hostiles à une souveraineté partagée sur la Ville sainte et 44 % y sont favorables. En Israël, l’opposition à une telle perspective est encore plus forte : 60 % des personnes interrogées sont contre une souveraineté partagée et 39 % sont pour.
Mais, surtout, Israël est suffisamment fort pour prendre le risque de la paix avec les Palestiniens. Le vice-Premier ministre et ministre du Commerce et de l’Industrie Ehud Olmert, un proche du Premier ministre Ariel Sharon, l’a encore répété vendredi. « Nous sommes suffisamment forts pour prendre et assumer des risques dans les négociations avec les Palestiniens », a-t-il estimé à la radio publique. « Tous les responsables de nos services de sécurité estiment qu’il s’est produit un changement essentiel au sein de l’Autorité palestinienne, car c’est la première fois qu’un dirigeant palestinien (Mahmoud Abbas) s’oppose au terrorisme », a-t-il poursuivi M. Olmert. « Nous devons prendre des risques afin d’augmenter les chances » de parvenir à un accord avec les Palestiniens, a poursuivi le ministre, en évoquant la possibilité « d’attentats terroristes ». Il a estimé qu’il y avait peu de chance pour que le sommet puisse être annulé à la suite d’un éventuel attentat. M. Olmert a souligné que l’objectif du sommet était de parvenir à « convaincre le monde du courage, de l’audace dont a fait preuve Ariel Sharon en acceptant de faire des gestes envers les Palestiniens ». « C’est désormais à eux de prouver qu’ils sont capables d’appliquer ce qu’ils ont promis », a-t-il dit.
Le cabinet restreint israélien, composé de six ministres importants, a déjà donné son accord de principe pour le retrait de l’armée de cinq grandes villes de Cisjordanie et leur transfert à l’Autorité palestinienne. Il a aussi donné son feu vert pour la libération de « plusieurs centaines » de prisonniers palestiniens. Ces décisions doivent encore être approuvées par le cabinet de sécurité israélien, qui compte un plus grand nombre de ministres, et qui a discuté en cours de matinée d’une série de « gestes », dont la fin des poursuites contre des Palestiniens accusés d’implication dans des attaques anti-israéliennes. Selon la radio militaire, un premier groupe de cinq cents détenus devraient être relâchés après le sommet de Charm el-Cheikh et quatre cents autres trois mois plus tard.
Interrogé sur un éventuel retour en poste des ambassadeurs d’Egypte et de Jordanie après le sommet, M. Olmert a tenté de minimiser cette question. « Lors de mes récentes rencontres avec les dirigeants de ces deux pays, je n’ai jamais évoqué ce point. C’est à eux de décider s’ils veulent avoir un ambassadeur à Tel-Aviv pour servir leurs intérêts », a ajouté M. Olmert. La Jordanie et l’Egypte, les deux seuls pays arabes à avoir signé un accord de paix avec Israël, avaient rappelé leur ambassadeur au début de l’Intifada à la fin de l’an 2000 pour protester contre la répression israélienne. Jeudi, le ministre jordanien des Affaires étrangères Hani Moulki avait déclaré que l’ambassadeur de son pays ne reviendrait en Israël que si une telle décision aide le processus de paix entre les Arabes et Israël. Le premier sommet entre Ariel Sharon et Mahmoud Abbas depuis son élection le 9 janvier à la présidence de l’Autorité palestinienne aura lieu mardi prochain sous l’égide du président égyptien Hosni Moubarak et du souverain jordanien Abdallah II. C’est également la première fois que M. Sharon est officiellement invité en Egypte.
Ces bonnes dispositions restent toutefois équivoques. Elles sont toujours soumises à la réussite des Palestiniens a tenir ces objectifs de sécurité. L’opinion publique est prise elle-même à partie par la scrutation médiatique du respect des conditions israéliennes. Le moindre excès de violence dans les Territoires, la moindre tentative d’attentat suicide risque de tout remettre en cause. Un espoir existe toutefois, puisque les dernières frasques du Hamas et de la Brigade des Martyrs d’al-Aqsa n’ont pas entravé la marche vers des négociations. L’engagement américain d’accueillir une nouvelle conférence au mois d’avril est peut-être le signe le plus significatif d’un changement. La conférence d’aujourd’hui abordera certainement, finalement, des questions politiques…

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