8.2.05

Les pays européens œuvrent pour une immigration sélective

LEMONDE.FR | 08.02.05 | 09h53  •  MIS A JOUR LE 08.02.05 | 09h57

Confrontés aux flux de travailleurs clandestins, à des pénuries de personnels spécialisés et à des populations vieillissantes, les gouvernements des pays d'Europe occidentale prennent de plus en plus de mesures pour favoriser une immigration utile et régulariser les étrangers ayant déjà un emploi.
En Espagne, pour "en finir avec l'emploi illégal, faire affleurer l'économie souterraine et mettre un terme aux coûts sociaux que provoque le travail clandestin", le gouvernement du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero a lancé, lundi, un processus exceptionnel de régularisation d'immigrés clandestins, ouvert potentiellement à plus de 500 000 sans-papiers. Comme cela est déjà le cas au Danemark ou au Portugal, les chefs d'entreprise qui continueront d'engager des clandestins risqueront de fortes amendes.
En Grande-Bretagne, le gouvernement de Tony Blair projette, lui, de réformer son système d'immigration sur cinq ans pour privilégier les travailleurs les plus qualifiés et maintenir à l'écart ceux qui sont "une charge pour la société", selon le ministre de l'intérieur, Charles Clarke. Ce plan prévoit un système de points tenant compte de critères tels que l'âge ou les diplômes, ainsi que la nécessité pour les demandeurs d'avoir un "parrain". Le premier ministre, Tony Blair, a proposé de prendre des mesures restrictives pour privilégier la venue de travailleurs étrangers qualifiés.
Déjà, en 2000, l'Allemagne - qui compte actuellement cinq millions de chômeurs - a institué des "cartes vertes" pour encourager la venue d'informaticiens manquants, notamment en provenance d'Inde et du Pakistan. Une loi en vigueur depuis janvier prévoit que les étrangers hautement qualifiés puissent obtenir un droit de séjour illimité s'ils ont une proposition d'emploi. Alors que l'attribution laxiste de visas a favorisé le trafic d'êtres humains depuis l'Europe de l'Est, cette loi s'accompagne de mesures facilitant le refoulement ou l'expulsion d'éléments indésirables et de programmes obligatoires d'apprentissage de la langue.
La France a, en théorie, suspendu l'immigration depuis 1974, avec des exceptions, concernant notamment les étudiants étrangers et les travailleurs ayant au préalable un contrat de travail. En 2003, 25 000 étrangers sont entrés dans l'Hexagone avec un titre de séjour lié à un contrat de travail. Le ministre de l'intérieur, Dominique de Villepin, préconise une immigration "choisie", mais s'oppose "aux quotas par nationalité ou par ethnie".
L'Italie a procédé à plusieurs vagues de régularisations. Elle avait adopté en 2002 une loi pour régulariser les immigrés ayant un emploi afin de lutter contre le travail au noir. Depuis, 687 000 demandes de régularisation ont été déposées et acceptées.
En 2003, le Portugal a adopté une loi imposant aux candidats à l'immigration d'obtenir un visa de travail dans leur pays.
La Grèce, qui a connu deux procédures de régularisation depuis 1999, prépare aussi un projet devant réguler les flux en fonction des besoins du marché du travail.
Aux Pays-Bas, un projet de loi propose un examen d'intégration (langue et culture néerlandaise) que les candidats auraient à réussir dans leurs pays d'origine pour demander un permis de résidence.
Très dissuasive, la Suède a progressivement fermé ses frontières à la main-d'œuvre étrangère. Cependant, de nombreux secteurs d'emploi commencent à manquer de main-d'œuvre et l'idée d'une immigration économique limitée, destinée à pourvoir le marché du travail, fait son chemin.
Le Danemark n'a quasiment pas d'immigrés clandestins, et les rares qui sont découverts sont renvoyés immédiatement, à moins qu'ils ne demandent l'asile politique.
Au niveau de l'Union européenne, la Commission a lancé en janvier une consultation sur la relance de l'immigration économique, pour faire face au problème de fond qu'est le vieillissement de la population. Elle suggère des critères communs pour l'admission des migrants, en posant une série de questions : l'admission des candidats doit-elle être liée à un emploi ou peut-il y avoir des systèmes plus flexibles ? Et comment appliquer la "préférence communautaire" qui donne la priorité aux demandeurs d'emploi européens ?

Avec AFP

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