1.2.05

Une catastrophe après l’autre

La vie médiatique internationale est ainsi faite que les catastrophes humanitaires succèdent aux catastrophes humanitaires… Personne n’a oublié le tsunami, qui a enchanté nos écrans de télévision du lendemain de Noël à la fin de la première quinzaine de janvier, avec une lame récurrente jusqu’à ces derniers jours. Tout le monde attendait le massacre électoral irakien qui n’a pas daigné avoir lieu. Les groupes islamiques locaux en sont même réduit à mettre en scène des tirs de missile pour faire croire qu’ils abattent des avions de transport britanniques (la thèse de l’explosion est privilégiée, mais cela ne donne pas d’image). Heureusement, les Nations Unies ont sorti cette nuit le Darfour. C’est la seconde fois en moins de six mois que cette information vient sur le devant de la scène.
Quelques jours après les commémorations du soixantième centenaire de la « libération » (découverte ?) d’Auschwitz par les troupes soviétiques, une commission, composée de cinq juges internationaux et présidée par le juge italien Antonio Cassesse, s’est interrogée sur la nature génocidaire des exactions soudanaises. Elle en a déduit, contrairement à l’argumentation américaine, qu’il n’en est rien. Toutefois, des crimes contre l’humanité ont bien été perpétrés dans cette région occidentale du Soudan.
« L’élément crucial de l’intention génocidaire semble manquer, du moins en ce qui concerne les autorités du gouvernement central », ont noté les juristes. Ils ont cependant noté que « dans certains cas, des individus, y compris des responsables gouvernementaux, peuvent commettre des actes avec une intention génocidaire. Il revient à un tribunal compétent de déterminer si ce fut le cas au Darfour ».
La commission accuse en particulier les forces gouvernementales et les milices arabes janjawids d’avoir mené des attaques indiscriminées à travers le Darfour, avec meurtres de civils, tortures, enlèvements, destructions de villages, viols, pillages et déplacement forcés. Elle souligne que ces attaques ont continué pendant qu’elle menait son enquête. « Une action urgente » des Nations Unies pour y mettre fin est donc demandée. La commission accuse également les rebelles, membres du Mouvement armé de libération du Soudan (SLM/SLA) et du Mouvement de la justice et de l’égalité (JEM), d’être responsables de sérieuses violations des droits de l’homme et de la loi humanitaire internationale, quoique pas de manière systématique.
La commission évite de nommer les personnes qu’elle a identifiées comme étant responsables des violations, pour plusieurs raisons, y compris le respect des droits des suspects. Elle recommande cependant que les personnes responsables des exactions soient traduites devant la Cour pénale internationale, estimant que cela contribuerait à restaurer la paix dans la région. Ce point risque de poser problème au Conseil de sécurité, au sein duquel les Etats-Unis militent pour éviter un recours à ce tribunal, auquel l’administration Bush a toujours été hostile.

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