9.6.05

Chirac prépare avec Juncker un sommet européen délicat pour la France

LEMONDE.FR | 09.06.05 | 12h36  •  Mis à jour le 09.06.05 | 13h02

Jacques Chirac et Jean-Claude Juncker, le président en exercice de l'UE, préparaient, jeudi, le difficile sommet européen de Bruxelles des 16 et 17 juin. La France y sera affaiblie par son rejet de la Constitution, traité dont le sort devra être décidé, tandis que le Royaume-Uni entend conserver son rabais.
Leur déjeuner de travail s'inscrit dans une période d'intenses consultations en vue de la réunion, la première à vingt-cinq depuis la crise ouverte par la victoire du non aux référendums français et néerlandais. Le premier ministre luxembourgeois, qui  a reçu mercredi son homologue néerlandais, Jan Peter Balkenende, devait aussi  s'entretenir, jeudi, avec le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, et recevoir en dernier, le 14 juin, un Tony Blair qui peut faire basculer le sommet. De son côté, M. Chirac accueillera le chancelier allemand, Gerhard Schröder, vendredi à Paris, et le premier ministre britannique, mardi.

"CONTINUER LES RATIFICATIONS" OU "RÉFLÉCHIR"

A l'unisson de MM. Schröder et Juncker, le président français devrait réaffirmer à Luxembourg sa conviction que les non français et néerlandais n'ont pas tué la Constitution et que la ratification du traité doit se poursuivre, en dépit du nouveau coup porté par le gel du référendum au Royaume-Uni, et d'un probable effet boule de neige du non. Jeudi, un sondage montrait une poussée du non, à 45 % au Luxembourg, prochain pays à voter, le 10 juillet. Le soutien au traité a également chuté de 54 à 40 % en Pologne.
M. Blair a réaffirmé, mercredi, que le projet de référendum britannique resterait dans les cartons "tant que la situation en France et aux Pays-Bas ne serait pas clarifiée". Près de deux semaines après le non français, personne n'a véritablement de solution pour l'avenir du traité.
Selon le président du Parlement européen, Josep Borrell, une majorité d'eurodéputés pencherait pour "continuer les ratifications", mais aucun vote n'a eu lieu. Première force de l'Assemblée, les conservateurs penchent pour une suspension temporaire "le temps de réfléchir".
Dans l'espoir d'offrir un premier signe de sortie de crise, la présidence luxembourgeoise de l'UE a fait sa priorité d'un accord au sommet de Bruxelles sur le futur budget européen 2007-2013, mais l'intransigeance britannique augure de rudes marchandages.


LE RABAIS "VA RESTER"

Alors que le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, a jugé "possible" une entente, et que le premier ministre polonais, Marek Belka, a annoncé un compromis "très proche",  Tony Blair a fermé la porte à toute remise en cause du rabais dont son pays bénéficie depuis 1984 sur sa contribution aux finances communautaires.

"Le rabais va rester, nous n'allons pas négocier son abandon", a assuré Tony Blair. Le Trésor britannique a renchéri, brandissant la menace d'un "veto" et en écartant les propositions luxembourgeoises "irréalistes et inacceptables" de geler la ristourne à partir de 2007 pour la faire diminuer ensuite.
Outre le rabais britannique, l'autre obstacle majeur à un accord sur le budget européen tient à la volonté de six contributeurs nets aux finances communautaires (Allemagne, France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Autriche) de limiter l'enveloppe 2007-2013 à 815 milliards d'euros. La Commission réclame 1 022 milliards d'euros. Le Parlement européen a voté, mercredi, pour 975 milliards d'euros. Le dernier compromis luxembourgeois propose 875 milliards d'euros.


Avec AFP

Aucun commentaire: