9.6.05

Les réactions à la réforme de l'ONU oscillent entre espoir et franche hostilité

LEMONDE.FR | 09.06.05 | 12h09 • Mis à jour le 09.06.05 | 12h21

Le premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, a exprimé, jeudi 9 juin, son espoir d'obtenir le soutien de la communauté internationale sur un élargissement du Conseil de sécurité de l'ONU après la décision du Japon et de trois autres pays de renoncer au droit de veto pour au moins quinze ans.
Le groupe dit du G4 (Allemagne, Brésil, Inde et Japon) a fait circuler, mercredi 8 juin, à l'ONU un amendement en ce sens à leur projet de résolution du 16 mai dernier qui prévoyait l'élargissement du Conseil, principal organe de décision de l'ONU, de 15 à 25 membres.Les quatre pays espèrent ainsi lever les réticences chinoises et américaines sur cet élargissement.
Interrogé par des journalistes, M. Koizumi a souligné que "l'objectif est de gagner le soutien du plus de pays possibles, en favorisant la solidarité des pays du G4". Le Japon fait cause commune avec le Brésil, l'Allemagne et l'Inde pour obtenir chacun un siège permanent au conseil de sécurité, où les cinq membres permanents actuels (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) ont droit de veto. Outre les cinq permanents, le Conseil compte actuellement dix membres non permanents.
Mais le grand rêve du Japon a été douché par une grave crise diplomatique avec la Chine, qui argue que le Japon ne s'est pas suffisamment repenti de son passé colonial et militariste pour prétendre à des responsabilités accrues sur la scène internationale. Washington avait d'autre part averti le G4 que les Etats-Unis n'appuieraient pas leur démarche en vue de devenir membres permanents s'ils ne renonçaient pas au droit de veto.

LA FRANCE " COPARRAINE " LE TEXTE

De leur côté, les Etats-Unis ont une nouvelle fois exprimé leur opposition à la candidature allemande à un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, en expliquant que l'élargissement du Conseil ne faisait pas partie des réformes prioritaires de l'ONU, selon l'édition du New York Times datée de jeudi 9 juin. Ce message a été transmis par la secrétaire d'Etat américain, Condoleezza Rice, qui a reçu, mercredi à Washington, le ministre des affaires étrangèresallemand, Joschka Fischer, selon des responsables américains et européens cités par le quotidien.
Mme Rice, selon des responsables allemands, a déclaré à Joschka Fischer que les Etats-Unis n'étaient pas opposés à la candidature de l'Allemagne comme membre permanent, mais étaient réticents quant à un éventuel élargissement du Conseil. "Les Etats-Unis nous ont donné à comprendre que leurs inquiétudes à ce sujet ne sont motivées par aucune considération anti-allemande", a expliqué l'ambassadeur allemand aux Etats-Unis, Wolfgang Ischinger, qui assistait à la rencontre avec M. Fischer. Mme Rice "l'a dit très clairement", a-t-il ajouté.
Cependant, plusieurs diplomates européens et asiatiques, sous couvert d'anonymat, ont affirmé que les réticences des Etats-Unis étaient motivées notamment par leur méfiance à l'égard du chancelier allemand, Gerhard Schröder, qui s'était opposé à l'intervention américaine en Irak en 2002.
La France, par contre, a déclaré appuyée l'initiative dès la sortie du texte : "Dans l'état actuel du texte, nous le co-parrainons", a dit l'ambassadeur de France à l'ONU, Jean-Marc de La Sablière. Un diplomate britannique, Adam Thomson, s'est contenté de répondre "pas encore" à la question de savoir si son pays était aussi un co-parrain. L'ambassadeur d'Allemagne, Günter Pleuger, a indiqué qu'en amendant leur texte, les "quatre" avaient pris en compte plusieurs intérêts : "Ceux du P5 pour qu'on ne touche pas à leur statut, ceux des candidats pour qu'ils ne soient pas victimes d'une discrimination et l'opinion de plus de 100 Etats membres selon laquelle le veto est anti-démocratique et archaïque." Il a affirmé que le texte comptait déjà plus de 25 coparrains et que leur nombre allait augmenter. L'ambassadeur d'Inde, Nirupam Sen, a affirmé que le G4 était confiant de pouvoir compter sur un soutien supérieur aux deux-tiers à l'Assemblée générale.

Avec AFP

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