9.6.05

Condoleezza Rice laisse la porte ouverte à un dialogue avec la guérilla en Irak

LEMONDE.FR | 09.06.05 | 11h33  •  Mis à jour le 09.06.05 | 13h15

La secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, a laissé la porte ouverte à d'éventuelles négociations entre responsables irakiens et groupes liés aux insurgés, après l'un des mois les plus sanglants en Irak depuis la chute du régime de Saddam Hussein.

"PROCESSUS IRAKIEN"

Mme Rice a estimé devant la presse à Washington que la réconciliation politique en Irak devait être un "processus irakien", même si elle a souligné que les Irakiens responsables de violences à l'encontre de civils ou des soldats de la force multinationale devaient être poursuivis.
Interrogée sur une objection de Washington à un dialogue entre responsables irakiens et groupes insurgés, elle a répondu : "Les Irakiens génèrent un processus de réconciliation dans une société où les tensions sociétales et ethniques étaient exploitées par Saddam Hussein (...) il s'agit clairement d'un processus irakien que nous essayons de soutenir", a ajouté Mme Rice alors que la violence est devenu le lot quotidien des Irakiens.
Au moins une vingtaine d'Irakiens ont été tués encore, mercredi 8 juin, dans différentes attaques et affrontements à travers le pays, alors que l'armée américaine a annoncé la mort de quatre de ses soldats tués dans une opération anti-rebelles près de la frontière avec la Syrie, dans le nord-ouest de l'Irak. En mai, quelque 672 Irakiens ont péri et 1 174 ont été blessés dans les violences, soit près de 19 % de plus qu'en avril, qui avait marqué une hausse par rapport au mois précédent.
Selon la police, deux civils ont été blessés dans la nuit de mercredi à jeudi dans un attentat à la dynamite contre la permanence d'un mouvement chiite à Kout (150 km au sud-est de Bagdad). De son côté, le ministère de la défense à Bagdad a démenti dans un communiqué que 22 soldats irakiens originaires du sud chiite aient été enlevés mardi dans l'ouest du pays, comme l'avait annoncé une source militaire locale. Cette source militaire avait indiqué, mercredi, que les 22 soldats avaient été enlevés par des hommes armés en quittant leur base dans la province sunnite rebelle d'Al-Anbar, près de la frontière syrienne.

LE DILEMME DU PROCESSUS CONSTITUTIONNEL IRAKIEN

A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a discuté, mercredi, de l'opportunité de mettre fin aux activités de la Cocovinu, la commission de l'ONU chargée de vérifier que l'Irak n'avait plus d'armes de destruction massive (ADM), selon des diplomates. "Nous discutons de l'idée d'y mettre fin, nous n'y sommes pas encore mais nous allons dans cette direction", a déclaré Anne Patterson, numéro deux de la mission américaine à l'ONU. "Des détails restent à régler. Tout le monde souhaite y mettre fin d'ici à septembre", selon elle.
Créée en 1999, la Commission de contrôle, de vérification et d'inspection des Nations unies (Cocovinu) en Irak était chargée de s'assurer que ce pays n'avait plus d'armes de destruction massive (ADM) et qu'il remplissait ses obligations de ne pas acquérir de nouvelles armes prohibées. L'intervention militaire américaine en Irak en 2003 a changé la donne mais aucune ADM n'a été découverte sur le sol irakien depuis, malgré les affirmations des gouvernements américain et britannique.
Sur le plan de politique interne, l'International Crisis Group (ICG) dans un rapport, publié mercredi, a indiqué que la rédaction de la Constitution en Irak devrait prendre plus de temps pour assurer la participation et le soutien de toutes les composantes de la société.
"Les Irakiens font face à un dilemme : accélérer le processus constitutionnel pour respecter la date butoir du 15 août (...) ou encourager un processus qui serait transparent et garantirait un plus grand soutien populaire", a indiqué le groupe de réflexion, basé à Bruxelles et animé par d'anciens hauts responsables américains.
Le projet de Constitution doit être prêt avant le 15 août pour être soumis à référendum le 15 octobre. Cependant, la loi fondamentale, qui régit l'Irak durant la période transitoire, prévoit un seul report de six mois qui doit être annoncé, s'il est décidé, avant le 1er août.
La priorité est de faire participer les Arabes sunnites au processus de rédaction. Ces derniers ont exigé, mercredi, d'être représentés par 25 membres à la commission au lieu des 13 proposés. Enfin, le Parlement kurde d'Irak a adopté la loi sur la présidence de la région autonome du nord du pays qui doit revenir à Massoud Barzani, le chef de l'une des deux principales formations kurdes.

Avec AFP

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