13.6.05

Liban : victoire des listes Aoun lors de la troisième phase des législatives

LEMONDE.FR | 13.06.05 | 09h50  •  Mis à jour le 13.06.05 | 15h40

Le ministre de l'intérieur libanais, Hassan Sabeh, a annoncé, lundi 13 juin, la victoire des listes du général Michel Aoun dans les régions chrétiennes du Mont-Liban, lors de la troisième et avant-dernière phase des législatives qui s'est tenue dimanche. Les listes du général Aoun ont gagné quinze des seize sièges disputés dans les circonscriptions du Kessrouan-Jbeil et du Metn. La liste du général Aoun a remporté la totalité des huit sièges dans la circonscription du Kessrouan-Jbeil. Dans le Metn, la liste parrainée par M. Aoun a obtenu sept sièges sur huit. Un seul rival, Pierre Gemayel, petit-fils du fondateur du parti chrétien des Phalanges libanaises, a réussi à sauver son siège.
Pour ce scrutin très disputé, plus d'un million de Libanais inscrits étaient appelés à élire 58 députés, soit près de la moitié des 128 membres du nouveau Parlement, composé à égalité de chrétiens et musulmans. La moitié des électeurs aurait voté.
La victoire surprise de l'ancien général constitue un revers pour l'opposition chrétienne, qui souhaitait s'assurer une présence solide au Parlement.
Pour la première fois depuis la guerre civile, l'Assemblée libanaise devrait être composée d'une majorité d'élus opposés à Damas. Ces élections se déroulent en quatre phases.
Les candidats soutenant Aoun ont remporté quinze des seize sièges en jeu, dimanche, dans le bastion maronite au nord-est de Beyrouth. Il n'y avait aucun candidat proche d'Aoun pour briguer le dernier des seize sièges, finalement enlevé par Pierre Gemayel (opposition).
M. Aoun avait été contraint de prendre le chemin de l'exil en 1990 après que les forces syriennes eurent maté la "guerre de libération" qu'il avait déclenchée l'année précédente contre elles. Il a passé quatorze années en France avant de rentrer, en mai 2005, deux semaines après le retrait des forces syriennes.
Pendant son exil, ils s'était notamment battu auprès de la communauté internationale pour qu'elle oblige la Syrie à se retirer du Liban.
Les partisans d'Aoun disent qu'il n'a pas été touché par les années de corruption quand le pays était sous tutelle syrienne. Ils accusent les autres mouvements de l'opposition antisyrienne, avec lesquels il s'est brouillé après son retour, de chercher à contenir son influence.

"L'OPPOSITION N'A PAS DE PROGRAMME"

"Je pense que c'est une victoire car toutes les forces politiques s'étaient alliées contre nous", a dit Aoun. "L'opposition n'a pas de programme. Elle n'a rien."
En revanche, les candidats d'Aoun semblaient mal partis dans le district Baabda-Aley, où onze sièges étaient en jeu, et où la liste du chef druze Walid Joumblatt semble en passe de l'emporter. Elle aurait également raflé les huit sièges en jeu dans son bastion druze de Chouf.
Le fils de l'ancien premier ministre assassiné Rafic Hariri a, quant à lui, subi un revers à Zahle, circonscription à majorité chrétienne de la vallée de la Bekaa, dans l'Est. Mais une autre liste de Saad Hariri a remporté les six sièges d'une autre circonscription de la Bekaa, à majorité sunnite.
L'un des grands perdants est indéniablement Nassib Lahoud, que l'on avait présenté comme le principal candidat de l'opposition pour la présidentielle. Il a perdu face à un candidat d'Aoun.
Le Hezbollah a, pour sa part, revendiqué le gain de dix sièges dans la Bekaa, ce qui porterait à 34 son nombre provisoire de représentants dans la future Assemblée, qui en compte 128.
M. Joumblatt a fortement critiqué M. Aoun en affirmant qu'il était instrumentalisé par les Syriens et leurs alliés libanais pour diviser le camp chrétien. "Nous sommes revenus à 1976, quand les Syriens sont entrés au Liban sous le prétexte de protéger les chrétiens alors que leur seule intention était de contrôler le Liban", a-t-il dit sur les ondes de la chaîne LBC.

ULTIME PHASE LE 19 JUIN

Les forces syriennes se sont retirées en avril du Liban, du fait des manifestations provoquées par l'assassinat d'Hariri, mais aussi des pressions des Etats-Unis et de la France, exhortant le futur gouvernement à désarmer le Hezbollah, mais également à mettre en œuvre des réformes politiques et économiques.
Avec 58 sièges à pourvoir dans les circonscriptions du Mont-Liban et de la Bekaa, dans l'Est, la physionomie de la prochaine Assemblée pourrait apparaître clairement à l'issue de cette troisième des quatre phases des premières législatives depuis le retrait des troupes syriennes.
Les assurances de Damas n'ont toutefois pas convaincu la communauté internationale, dont les doutes au sujet du retrait de la totalité des agents de renseignement ont jeté une ombre sur le scrutin.
Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, a décidé, la semaine dernière, de dépêcher à nouveau une équipe de vérification. Terje Roed-Larsen, son envoyé spécial pour le Proche-Orient, s'est ainsi entretenu dimanche avec le président syrien, Bachar Al-Assad. Le diplomate a aussitôt repris le chemin de New York pour rendre compte de cet entretien. Quarante-deux députés ont déjà été élus au cours des deux premières phases, qui concernaient Beyrouth et le sud du Liban.
Ces deux phases n'ont apporté aucune surprise. Saad Hariri, fils de l'ancien premier ministre assassiné Rafic Hariri, a remporté une victoire écrasante dans la capitale, à majorité sunnite, et une alliance entre le Hezbollah et Amal ont fait main basse sur le fief chiite du sud du pays.
Mais les factions antisyriennes devraient s'affronter dans le bastion maronite de la montagne libanaise et des Druzes avant l'ultime phase du scrutin, dans le Nord, le 19 juin.

Avec AFP et Reuters

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