13.6.05

Michel Barnier confirme que Florence Aubenas a été détenue avec les journalistes roumains

LEMONDE.FR | 13.06.05 | 16h29  •  Mis à jour le 13.06.05 | 17h15

L'ancien ministre des affaires étrangères français, Michel Barnier, a confirmé, lundi 13 juin, que la journaliste Florence Aubenas, libérée samedi, avait bien été détenue en Irak avec les ex-otages roumains.
"Ce que je peux confirmer, puisque l'une de ces otages l'a dit hier après-midi, ça nous avait été rapporté immédiatement après leur libération et nous avons gardé cette information pour nous naturellement, c'est qu'ils avaient été détenus ensemble dans le même endroit", a déclaré sur la radio privée RMC, Michel Barnier, qui a quitté son poste quelques jours avant la libération de Florence Aubenas.
"Alors, est-ce que c'est le même groupe qui détient des otages différents? Est-ce que ce sont des groupes différents qui ont le même endroit de gardiennage de détention? Je ne peux pas le dire, mais nous vérifierons cette information", a-t-il ajouté.
Après avoir marqué une longue hésitation, Florence Aubenas avait démenti, dimanche à son arrivée en France, avoir été détenue en Irak avec les ex-otages roumains, contrairement à ce que ces derniers avaient affirmé peu après l'annonce de sa libération. Elle doit donner mardi une conférence de presse.

"LES ROUMAINS ONT RAISON"

Libérés le 22 mai dernier, les journalistes Marie-Jeanne Ion et Sorin Miscoci ont affirmé, dimanche, avoir été détenus avec la journaliste de Libération pendant un mois et demi. Dans plusieurs entretiens accordés à différents médias, Marie-Jeanne Ion a décrit les conditions dans lesquelles elles avaient été détenues et les liens qui s'étaient créés entre elle et la journaliste française.
Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), a également affirmé lundi que Florence Aubenas avait été détenue "plusieurs semaines" avec les Roumains ex-otages en Irak, libérés le 22 mai. Interrogé sur le fait que Florence Aubenas ait démenti dimanche cette détention commune, M. Ménard a indiqué : "Bien sûr que c'est vrai. Ils (les services secrets) ont dû lui dire de ne pas le dire".
"Evidemment, les Roumains ont raison. Elle a été détenue plusieurs semaines avec eux. Maintenant, on avait dû lui demander avant de n'en pas faire état", a poursuivi M. Ménard. "Elle a eu raison d'avoir ce comportement. Entre temps, Marie-Jeanne Ion avait expliqué ce qu'il en était. C'est vrai qu'elle était en porte-à-faux, mais je suppose que Florence reviendra là-dessus demain après-midi", lors de la conférence de presse.

LE RÔLE DES "RÉSEAUX CEAUSESCU"

Malgré le silence français, la presse de Bucarest soulignait, lundi, le rôle joué par les "réseaux Ceausescu" des services secrets roumains, dans la libération de Florence Aubenas et de son guide irakien.
"La journaliste française sauvée par les réseaux de Ceausescu", titre en Une Cotidianul, estimant que les otages roumains libérés le 22 mai, ainsi que leur collègue française, "doivent énormément aux réseaux de l'ex-dictateur communiste, constituées d'anciens étudiants irakiens en Roumanie". Le journal cite des sources proches de la cellule de crise, qui a géré toute l'information pendant la captivité des ex-otages roumains, selon lesquelles "Bucarest a dû faire appel aux agents de la Securitate (police politique communiste), les seuls capables d'activer ces anciens étudiants irakiens en Roumanie afin d'intervenir en faveur des journalistes enlevés".
"Pour négocier la libération de Florence Aubenas et de son guide irakien Hussein Hanoun, les autorités françaises ont utilisé ce même réseaux de Ceausescu", affirme le journal. "La France va-t-elle reconnaître le rôle des services secrets roumains dans la libération de Florence", se demande pour sa part le quotidien Gardianul, citant des officiels de Bucarest qui ont estimé, sous couvert d'anonymat, que la Roumanie a eu "un rôle très important dans cette libération".
Le journal Averea reproche pour sa part au président français Jacques Chirac de ne pas avoir mentionné le rôle de la Roumanie dans son intervention télévisée après la libération de Florence Aubenas et Hussein Hanoun. "Chirac s'est borné à rendre hommage à l'extraordinaire mobilisation en France et à l'étranger, sans évoquer explicitement la Roumanie, alors que la famille de Florence a remercié tous les services secrets impliqués", estime le journal.

Avec AFP

Aucun commentaire: