13.6.05

L’Iran, en pleine campagne électorale, secoué par une série d’attentats

LEMONDE.FR | 13.06.05 | 08h48 • Mis à jour le 13.06.05 | 09h25

‘Iran a été secoué, dimanche 12 juin, par une série d’attentats à la bombe qui ont fait au moins dix morts.
Quatre attentats, les premiers en Iran depuis des années, ont fait au moins huit morts dans la matinée à Ahvaz (sud-ouest), capitale de la province pétrolifère du Khouzistan à la frontière irakienne, et théâtre récent de heurts ethniques entre l’importante communauté arabe de cette région et les forces de sécurité. Les déflagrations ont aussi détruit plusieurs véhicules, sévèrement endommagé les bâtiments, brisé les vitres et percé les canalisations, couvrant les rues d’eau.
"L’une des bombes était placée dans une voiture devant la préfecture", a indiqué l’ancien député réformateur Mohammad Kianouche Rad, joint sur place par téléphone.
Selon l’agence de presse iranienne Irna, deux autres engins avaient été disposés dans les toilettes de bâtiments publics et un quatrième dans un sac devant la maison du directeur de la radio-télévision.

"C’ÉTAIT INHUMAIN"

L’une des charges a explosé alors que les policiers étaient en train de la désamorcer, a indiqué à IRNA un directeur du ministère de l’intérieur. "C’était inhumain, horrible. J’ai vu un petit enfant errer à la recherche de sa mère décédée", a raconté un infirmier à l’hôpital d’Ahvaz, Abdol Hossein Kord-Zanghaneh.
Parallèlement aux attaques à Ahvaz, une bombe a explosé dans une poubelle près d’une place populeuse du centre-est de Téhéran, faisant deux morts, a indiqué un responsable de la préfecture à l’agence de presse iranienne IRNA. Les autorités ont également fait état de deux autres explosions d’engins artisanaux dans la capitale, qui n’ont fait ni blessés ni dégâts.
Un certain nombre de personnes ont été arrêtées, a par ailleurs indiqué un haut responsable de la sécurité, Ali Agha Mohammadi, et le régime a rapidement accusé des groupes terroristes basés en Irak et soutenus par les Américains.
Les attentats d’Ahvaz ont été revendiqués par le groupe séparatiste pro-arabe Front populaire et démocratique des Arabes d’Ahvaz, a déclaré M. Agha Mohammadi.
Ce Front, interdit en Iran, a déjà été mis en cause dans les troubles ethniques d’avril à Ahvaz, où les Arabes seraient majoritaires par rapport à la population persanophone, et au Khouzistan.
"Ils se sont infiltrés en Iran de Bassora", de l’autre côté de la frontière en Irak, sous le contrôle des soldats britanniques, a ajouté le responsable de la sécurité.

"EMPÊCHER LE BON DÉROULEMENT" DES ÉLECTIONS

Selon lui, les Moudjahidins du peuple, organisation marxiste et islamiste - principale opposition armée au régime islamique - pourraient être impliqués dans l’attentat de Téhéran et ceux de Qom, au sud de la capitale. M. Agha Mohammadi a ainsi reconnu que trois explosions survenues mercredi dans la ville sainte de Qom étaient des attentats, ce qu’avaient démenti jusque-là les autorités.
Selon M. Agha Mohammadi, "les appels au boycottage des élections ayant échoué, les groupes terroristes basés en Irak cherchent par ces attentats à empêcher le bon déroulement" de la présidentielle de vendredi, "et une forte participation".
Le régime accuse ses "ennemis" de chercher par tous les moyens à dissuader les Iraniens d’aller voter pour saper sa légitimité. "Ces terroristes sont entraînés sous l’égide des Américains. (...) Nous demandons aux Américains et aux Britanniques qu’ils prennent position sur ces attentats et nous livrent les membres des groupes terroristes en Irak."
Depuis la chute de Saddam Hussein, les Iraniens réclament que les Américains leur livrent les Moudjahidins du peuple détenus, regroupés dans un camp au nord de Bagdad sous le contrôle des forces d’occupation.

Avec AFP

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