28.6.05

Tsahal fait face aux premiers actes de rébellion de colons

LE MONDE | 28.06.05 | 13h57  •  Mis à jour le 28.06.05 | 14h12
JÉRUSALEM de notre correspondant

'armée israélienne voulait éviter l'image du soldat surexcité, tête nue, tiré par le bras par un autre militaire. Elle s'étalait, lundi 27 juin, à la "une" des journaux israéliens. La veille, l'armée avait décidé de raser préventivement d'anciens baraquements militaires égyptiens abandonnés sur la plage de Gaza, dans les limites du Goush Katif, pour éviter que des opposants au retrait prévu pour cet été ne s'y installent. Cette opération de routine, menée rondement par les bulldozers israéliens, qui ont quelque expérience en la matière, a entraîné la mobilisation de dizaines de militants radicaux israéliens. Ils ont dû être évacués manu militari. C'est au cours des brefs affrontements qui s'en sont suivis qu'un soldat a refusé d'obéir aux ordres, aux cris de "Un juif n'expulse pas un autre juif !" , et a insulté ses supérieurs.
Arrêté, le jeune appelé devait faire l'objet mardi d'une procédure disciplinaire pour insubordination. L'armée a refusé un jugement par un tribunal militaire, qu'il avait souhaité et qui aurait eu plus de retentissement.

MILITANTS DÉTERMINÉS

Originaire de la colonie de Tekoa, entre Bethléem et Hébron, le soldat a émigré avec sa famille des Etats-Unis en Israël il y a dix ans. Selon la presse israélienne, il avait fréquenté, avant son service militaire, un centre religieux de Jérusalem spécialisé pour les jeunes religieux en situation d'échec scolaire. Il a reçu aussitôt après son geste le soutien de ses parents. Dimanche soir, les opposants ont profité du départ des troupes pour installer un campement de fortune dans les ruines. Lundi, ils ont poussé leur avantage en s'installant dans une maison en construction appartenant à des Palestiniens qui résident à l'intérieur du Goush Katif, dans l'enclave de Maouassi, qui jouxte elle aussi la plage.
Pour les autorités israéliennes, l'image du soldat publiée par la presse constitue le deuxième revers médiatique enregistré à Gaza en moins d'une semaine. Jeudi soir 23 juin, elles avaient, en effet, déjà dû renoncer à évacuer un ancien hôtel situé à proximité des baraquements détruits dimanche. Encore à l'abandon il y a quelques mois, il est désormais occupé par des militants déterminés appartenant aux groupuscules israéliens les plus radicaux et qui ont loué l'édifice à son propriétaire. A la suite d'incidents imputés à des occupants de l'hôtel qui s'en seraient pris à des Palestiniens de Maouassi, le feu vert avait été donné pour leur évacuation. Le projet avait cependant été éventé et des dizaines d'autres opposants au retrait s'étaient mobilisés pour faire obstacle à l'évacuation. Faute de pouvoir compter sur l'effet de surprise, les autorités avaient renoncé.
Dimanche, les funérailles d'un adolescent habitant une colonie du sud de la Cisjordanie, tué la veille dans une embuscade palestinienne, ont également tourné à la dénonciation du retrait, considéré par les colons comme "une prime au terrorisme". En revanche, la manifestation organisée lundi par le Conseil représentatif des colons de Judée, Samarie (les noms bibliques de la Cisjordanie) et de Gaza s'est déroulée dans le calme. Alors que les rubans de couleur orange, choisie par les opposants au retrait, et que l'on accroche aux antennes de voitures ne cessent de se multiplier dans les rues, les principaux axes ont été bloqués simultanément, en fin d'après midi, pour observer symboliquement une pause dans le plan de retrait.

Gilles Paris
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Un soldat israélien jugé pour homicide

Un soldat israélien, Taysir Wahid, membre d'une unité d'éclaireurs bédouins, a été reconnu coupable, lundi 27 juin, d'homicide involontaire pour le meurtre, à Rafah, du pacifiste britannique Tom Hurndall, 22 ans, du Mouvement de solidarité internationale (ISM). Le pacifiste est décédé le 14 janvier 2004, à Londres, où il était dans un état végétatif depuis sa blessure en avril 2003. Alors qu'il tentait de mettre à l'abri deux enfants palestiniens, M. Hurndall, qui portait un gilet fluorescent marqué du sigle ISM, avait été atteint par un tir israélien. Le jugement sera rendu le 5 juillet. - (AFP.)

Article paru dans l'édition du 29.06.05


 

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