9.7.05

La France, une étape pour les terroristes en Europe

Les groupes djihadistes font souvent escale dans l'Hexagone

Jean Chichizola
[Le Figaro, 09 juillet 2005]

Depuis le 11 septembre 2001, la France a été au coeur des attentats ou tentatives d'attentats en Europe occidentale.

# 2004
Membre du Groupe islamique combattant marocain (GICM), Hassan el-Haski est considéré par la justice espagnole comme l'un des maîtres d'oeuvre du carnage madrilène. L'homme a été interpellé aux Canaries fin 2004 grâce à un renseignement de la DST française. Quelques mois plus tôt, il avait échappé à un coup de filet visant une cellule du GICM implantée dans les Yvelines et la Seine-Saint-Denis. Les services de renseignements marocains avaient attiré l'attention de leurs homologues français début 2003. Les attentats de Casablanca, en mai 2003, avaient encore renforcé leur inquiétude. En apparence, les suspects étaient pourtant au-dessus de tout soupçon. Leur interpellation après les attentats de Madrid allait pourtant révéler que les renseignements marocains étaient bons. Selon un magistrat, ces hommes étaient très actifs et l'un d'entre eux présentait un profil psychologique proche de celui d'un kamikaze prêt à mourir pour sa foi.


# 2003
La Special Branch interpelle à Londres un groupe d'islamistes algériens. Un nouveau coup de filet, réalisé à Manchester, se termine dramatiquement : l'Algérien Kamel Bourgas poignarde mortellement un policier de la Greater Manchester Police et en blesse plusieurs autres.

# Décembre 2002
La DST démantèle en Seine-Saint-Denis un groupe d'islamistes majoritairement algériens qui préparaient un attentat.


Entre ces événements, deux points communs : deux hommes, vétérans algériens de la cause islamiste. Abou Doha est interpellé au Royaume-Uni en 2002 et son lieutenant, Rabah Kadri, est arrêté à Londres l'année suivante. Rabah Kadri est impliqué dans la tentative d'attentat contre la cathédrale de Strasbourg en décembre 2000. Il est encore présent dans la tentative de la fin 2002 où l'on retrouve des rescapés du groupe de Francfort désireux de frapper de nouveau la France. A l'occasion, ces Algériens djihadistes s'associent à d'autres compatriotes venus tout droit des maquis. Des membres, des gardiens de la prédication salafiste, ont ainsi participé au projet du groupe de La Courneuve-Romainville. Pour les services de sécurité, la leçon est claire, les islamistes algériens menacent plus que jamais Paris. L'évolution récente d'un autre groupuscule, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), les préoccupe notamment. Né en 1998, le GSPC a fait publiquement allégeance à al-Qaida en 2003 avant d'exprimer, il y a quelques semaines, sur Internet son soutien à Abou Moussab al-Zarkaoui.


# 2001
Quand, en décembre 2001, Richard Reid ne parvient pas à allumer ses chaussures piégées, le monde pousse un ouf de soulagement. La France découvre, quant à elle, que le terroriste a résidé plusieurs mois à Paris et qu'il a été en contact avec des réseaux pakistanais extrémistes implantés au coeur de la capitale. L'enquête va également démontrer que Reid était en relation avec d'autres terroristes en Europe. Un deuxième kamikaze, Sajid Badat, devait sauter à bord d'un avion reliant Amsterdam aux Etats-Unis. Badat a flanché au dernier moment et il sera interpellé en novembre 2003 à son domicile de Gloucester (Angleterre). Il a été condamné à treize ans de prison par la justice britannique. L'enquête de cette dernière a de nouveau ramené les projecteurs sur Paris. Sajid Badat et Richard Reid étaient en contact avec un troisième homme bien connu des policiers français. Le Marocain Nizar Trabelsi était le kamikaze de la tentative d'attentat imaginée par le Franco-Algérien Djamel Beghal contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris.

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