8.7.05

London’s calling

Les attentats de Londres sont lourds de conséquences pour les démocraties occidentales. Sans revenir sur le bilan encore mouvant, il est intéressant de s’intéresser au modus operandi des terroristes. Alors que les médias veulent voir une liaison avec la tenue du G 8, il est certain que les terroristes ont réagi à l’annonce du choix de la ville organisatrice des Jeux olympiques. Est-ce à dire pourtant que Madrid, Moscou ou New York auraient à nouveau été touchées ? Apparemment non, d’autant que les chances de ces villes, à en croire les indiscrétions de la presse, n’avaient guère de chance. L’alternative était Londres et Paris. C’est dire combien la cible n’était pas fixée.
La coordination était donc lâche, et non forte comme estimé publiquement. Il s’agissait d’une structure légère. Nul investissement en temps, comme à New York et Madrid. Nulle planification excessive : il aura suffi d’un plan des transports publics londoniens, et très certainement parisiens, et de quelques stylos. Une équipe restreinte et mobile. Très certainement, aucun des membres ne se connaissait. Il s’agissait probablement de touristes, dont les déplacements entre Paris et Londres (ou inversement) passeraient inaperçus. Qui contrôle un paisible touriste, même de type arabe ? Et quel policier, militaire ou douanier dispose des moyens de détection d’explosif nécessaires ? Il n’y a que l’« opinion publique » pour croire que le renforcement de Vigipirate sert à « terroriser les terroristes », et non à la rassurer... Quant au soutien logistique, il aura nécessité un coordinateur bien introduit dans les communautés musulmanes, radicales ou non, de France ou de Belgique, utilisées à leur insu...
Les attentats de Londres, plus que ceux de Madrid, montrent combien l’asymétrie est totale pour ce genre d’opération. Sept bombes ont explosé. Il aura suffi de sept hommes, peut-être moins même, hors soutien logistique. Un seul homme pourrait être responsable de tout. En cinquante minutes, il avait le temps de déposer ses explosifs avec un minuteur, ou un détonateur court retard. Le téléphone portable converti en détonateur, comme à la gare d’Atocha en mars 2004, est exclu pour un seul homme, en raison de la non simultanéité des explosions, et trop sophistiqué pour se genre d’opération. Le terroriste n’avait besoin que de suivre les correspondances, comme n’importe quel Londonien qui se rendait à son travail. La police ne peut pas affirmer encore la présence de kamikazes. Mais ce serait bien dans la logique de ce genre d’opération.
Ensuite ! La suite dépasse le terroriste. Elle dépend de la médiatisation qui sera donnée à l’attaque. Londres n’atteindra pas l’ampleur de New York et de Madrid, par le nombre de morts comme par la nature des destructions. Même si elle interrompt la ferveur consécutive au choix du comité olympique à Singapour et bouleverse l’ordre du jour du G 8. L’impact du terrorisme est moindre lorsque la victime n’a plus peur… La révélation qui sourd de cette attaque est l’affaiblissement évident de la capacité de nuisance opérationnelle d’al Qaïda. Le brouillard de la bataille informationnelle limite dorénavant ses actions. Qui s’est soucié de relier les événements de Londres à l’assassinat de l’ambassadeur d’Egypte en Irak, Ihab Al-Chérif, dont le groupe de Musab al Zarqawi avait revendiqué le rapt samedi à Bagdad, dans un communiqué diffusé sur Internet.

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