Point de vue
par Michèle Alliot-Marie
LE MONDE | 21.07.05 | 13h19 • Mis à jour le 21.07.05 | 13h19
Près d'un an après l'élection présidentielle qui a vu la confirmation du président Hamid Karzaï, l'Afghanistan vivra le 18 septembre, lors des élections législatives et régionales, une nouvelle étape cruciale de son évolution politique. Ces élections marqueront l'achèvement d'un processus de transition défini par les accords interafghans de Bonn-Petersberg, en septembre 2001. Si l'organisation de ces élections nécessitera une mobilisation de premier plan des forces de sécurité afghanes, l'aide des troupes envoyées par la communauté internationale n'en sera pas moins essentielle.
Autant dire que notre présence y est toujours souhaitée et nécessaire. Durant le scrutin, dix policiers afghans seront mis à la disposition de chaque bureau de vote, et une force de réaction rapide de l'armée nationale afghane sera déployée dans chaque province. Dans la zone de la force internationale, 3 000 soldats supplémentaires seront déployés. De son côté, la France renforcera son dispositif aérien avec six avions de combat et deux ravitailleurs supplémentaires.
L'engagement militaire de la France en Afghanistan, qui a commencé en 2001, est important. La France est aujourd'hui l'un des quatre plus gros contributeurs de troupes en Afghanistan. Nous sommes présents à travers la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS) de l'OTAN, et à travers nos forces spéciales.
Nous intervenons aussi dans le cadre de la formation d'officiers et de sous-officiers afghans : plus de 2 000 militaires ont ainsi été formés en trois ans. Nous disposons aussi d'une cellule d'assistance et de conseil pour la formation d'officiers auprès de l'Ecole d'état-major afghane. Dans le cadre de la sécurisation de l'Afghanistan et de la lutte contre le terrorisme international, nous nous sommes engagés à aider, avec nos partenaires, à la reconstruction de l'Etat afghan.
Le désarmement de certaines milices, la formation de l'armée afghane, la mise en place d'une nouvelle monnaie et la remise en marche de nombreux services publics font partie des succès obtenus. Beaucoup reste à faire en matière de formation des forces de police, de réforme du système judiciaire, ou encore l'organisation des administrations provinciales tant que la stabilisation du pays ne sera pas assurée. Nous ne devons pas ralentir nos efforts.
Jusqu'en février dernier, le général français Jean-Louis Py assurait, dans le cadre de l'Eurocorps, le commandement de l'ensemble de la FIAS, actuellement assuré par la Turquie. J'ai proposé à nos partenaires que la France prenne, dès cet automne, le commandement de la FIAS dans la région de Kaboul, où elle exerce déjà une responsabilité majeure.
Le succès ne sera pas au rendez-vous tant que demeurera le problème de la drogue. L'Afghanistan est encore le premier producteur d'opium du monde. Comme le trafic est aidé par l'instabilité, il participe du maintien de celle-ci. Depuis 2002, ces trafics alimentent impunément et de manière croissante les réseaux du terrorisme dans le monde entier. Non seulement ces stupéfiants envahissent nombre de pays avec de graves conséquences pour la santé publique, mais ils portent directement atteinte à la stabilisation de l'Afghanistan.
La lutte contre les narcotrafiquants doit donc figurer en tête de nos priorités. Sous l'impulsion du président Karzaï, les autorités afghanes poursuivent leurs campagnes d'éradication.
C'est ainsi que la task force 333 - unité afghane de lutte antinarcotique - a effectué une opération qui a permis la destruction de 35 laboratoires de la province de Nangahar. Au total, plus de 50 tonnes de stupéfiants ont été saisies depuis le début de l'année 2005.
Pour la communauté internationale, il s'agit donc de redoubler d'efforts afin d'aider l'Afghanistan dans cette lutte, en renforçant le système judiciaire et en formant des policiers afghans spécialisés. Dans le cadre du programme Epidote de formation de l'armée afghane, la France entend participer pleinement à cette lutte à travers la formation d'unités antinarcotiques. Comme l'a recommandé le Programme alimentaire mondial des Nations unies, il n'y aura pas de solution durable sans mise en place de programmes agraires de substitution ni sans des coopérations avec les pays voisins.
Il y va de l'avenir économique de ces régions et de la coopération internationale antiterroriste.
A l'occasion d'une relève imminente de nos forces, je me rends en Afghanistan, où je réaffirmerai aux autorités nationales et provinciales notre soutien constant avant et après les élections. Je rencontrerai notamment le président Karzaï, l'ex-roi Zaher Chah, le ministre de la défense, Abdarrahim Waidak, et je verrai - ensemble - les principaux chefs tribaux de la région de Kandahar, au sud du pays.
A chacun, je rappellerai que, au-delà des élections à venir, les responsables afghans peuvent être assurés de notre engagement à leurs côtés. Il en va de la sécurité de cette région, mais aussi de notre sécurité étant donné les enjeux en matière de lutte contre le terrorisme international.
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Michèle Alliot-Marie est ministre de la défense.
par Michèle Alliot-Marie
Article paru dans l'édition du 22.07.05
21.7.05
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