18.7.05

Samir Geagea, l'ex-chef des milices chrétiennes libanaises, amnistié

LEMONDE.FR | 18.07.05 | 16h13 • Mis à jour le 18.07.05 | 18h31

Le chef des ex-milices chrétiennes (FL), Samir Geagea, 53 ans, qui purge depuis onze ans une peine de prison à vie, a été amnistié à la faveur d'une loi votée lundi 18 juillet par le Parlement. La loi a été votée à main levée par la majorité des députés présents. Les quatorze députés du Hezbollah chiite se sont absentés de l'hémicycle lors du vote mais l'épouse de Samir Geagea, la députée Sittrida Geagea, a applaudi cette mesure. Cette dernière a indiqué que les députés ont par leur vote exprimé "la volonté du peuple libanais".
Samir Geagea, un temps l'allié d'Israël, avait été arrêté en mars 1994, à l'époque où Damas régnait en maître au Liban, après avoir été accusé d'avoir perpétré un attentat à l'explosif contre une église qui a fait onze mort. Innocenté de ce crime, qui a servi de prétexte pour lever l'amnistie sur les crimes de guerre, Samir Geagea a été condamné à quatre peines de mort, toutes commuées en prison à vie pour des crimes commis pendant la guerre du Liban (1975-1990), notamment l'assassinat en 1987 du premier ministre Rachid Karamé.

UNE TRENTAINE DE FONDAMENTALISTES DISCULPÉS

Le chef des FL devrait sortir de la prison du ministère de la défense où il purge sa peine, après la signature par le chef d'Etat, Emile Lahoud, du texte de loi et sa parution dans le Journal officiel. Le député FL Georges Adwane s'est aussitôt rendu à la prison pour informer son chef de la mesure le concernant.
Le ministre sortant de la défense, Elias Murr, gendre du chef de l'Etat blessé mardi dans un attentat à l'explosif, avait récemment déclaré qu'il refusait d'accorder l'amnistie aux personnes impliquées dans les attentats déjoués de 2004, les qualifiant de "groupe terroriste".
Pourtant, les députés ont également adopté à main levée une loi disculpant une trentaine de fondamentalistes sunnites détenus, originaires de Dinniyé et Majdel Anjar. Les premiers étaient accusés d'implication dans des heurts en 2000 à Dinniyé avec l'armée - dont douze membres ont été tués - et les seconds dans des attentats terroristes anti-occidentaux déjoués en 2004.

VICTOIRE POUR LE FL

La milice des FL avait été fondée en 1978 par Bachir Gemayel, assassiné par un Libanais pro-syrien après avoir été élu à la tête de l'Etat à la faveur de l'invasion israélienne de Beyrouth en 1982.
Des partisans de Samir Geagea ont accusé à maintes reprises les services de renseignement syriens et libanais d'avoir monté l'attentat dans l'église pour se débarrasser de Samir Geagea, alors dernier opposant à la mainmise syrienne, et également afin de dissoudre dans la foulée les FL, transformées en puissant parti. Seul chef de guerre à avoir été emprisonné, sa libération est devenue possible après la levée de quinze ans de tutelle syrienne illustrée par le retrait, fin avril, des troupes syriennes présentes au Liban depuis 1976.
Les deux votes au Parlement ont provoqué des tirs de joie dans la ville sunnite de Tripoli et à Becharré, au Liban nord, ville natale de Samir Geagea, où le champagne a coulé en signe de joie, ainsi que dans les quartiers chrétiens de Beyrouth où de nombreux partisans du chef des FL se sont rassemblés, portant les drapeaux frappés d'une croix de l'ancienne milice.
Bien qu'officiellement interdit, le parti des FL a pu, à la faveur des dernières législatives de mai-juin, entrer au Parlement pour la première fois de son histoire, en s'alliant avec le chef sunnite Saad Hariri, fils de l'ex-premier ministre assassiné Rafic Hariri, le député et leader druze Walid Joumblatt, et les partisans du chef de l'Eglise maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir.

Avec AFP

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