31.8.05

31 août 1980 : un tournant historique

A. T.
[Le Figaro, 31 août 2005]

Durant l’été 1980, la Pologne traverse une grave crise économique. Le fossé entre la propagande communiste et la vie réelle n’a cessé de s’approfondir. L’opposition s’est organisée et l’élection en 1978 d’un pape polonais, Karol Wojtyla, a redonné espoir. Des grèves éclatent un peu partout dans le pays. Le 14 août, les ouvriers des chantiers navals Lénine de Gdansk débrayent à leur tour. Lech Walesa, un électricien licencié par la direction, prend la tête du mouvement. Des intellectuels se joignent aux ouvriers qui réclament entre autres la création d’un syndicat libre ainsi que la garantie de leurs droits civiques.
Chacun garde en mémoire la répression des manifestations de décembre 1970 à Gdansk, celle des insurrections de 1956 à Budapest ou de 1968 à Prague. Malgré la peur, le mouvement de grève s’étend cependant à travers le pays. Le 31 août 1980, au terme d’un incroyable bras de fer de dix-sept jours, le régime communiste et le comité de grève, présidé par Lech Walesa, signent les accords de Gdansk, qui légalisent le premier syndicat libre à l’Est.
L’euphorie ne durera que seize mois. Dès l’automne, des troupes du Pacte de Varsovie se massent le long de la frontière polonaise sous prétexte de manoeuvres et, un an plus tard, dans la nuit du 13 décembre 1981, le général Jaruzelski instaure l’état de guerre. Les chefs de file et nombre de militants de Solidarnosc sont arrêtés, le syndicat est interdit, les grèves de protestation sont brutalement réprimées.
L’activité de Solidarité, déclaré hors la loi, se poursuit dans la clandestinité. Après la visite du pape Jean-Paul II en juin 1987 et une vague de grèves en 1988, le gouvernement et l’opposition renouent le dialogue. Les négociations dites de la Table ronde, du 6 février au 5 avril 1989, aboutissent aux premières élections législatives semi-libres. En avril 1989, Solidarnosc est relégalisé, et en septembre, Tadeusz Mazowiecki devient le premier chef de gouvernement non communiste en Europe de l’Est. Ces événements auront un effet domino dans tous les autres pays satellites de l’ex-URSS. Ils aboutiront notamment, le 9 novembre 1989, à la chute du mur de Berlin, puis quelques mois plus tard à l’éclatement de l’Union soviétique.

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