25.8.05

En Irak, les sunnites maintiennent leur hostilité au projet de Constitution

LE MONDE | 25.08.05 | 13h05  •  Mis à jour le 25.08.05 | 13h05

Jeudi 25 août à minuit expire le délai que s'est accordé la classe politique irakienne pour faire voter le projet de Constitution par le Parlement. A en juger par les déclarations de plusieurs représentants de la communauté sunnite, les chances paraissaient minces de voir les sunnites entériner le texte. Les Kurdes et les chiites bénéficiant toutefois de la majorité au Parlement, le document devrait, sauf report du vote, être adopté.
Dans un communiqué publié mercredi, le Comité des oulémas musulmans, la principale association de religieux sunnites, a dénoncé un texte qui "prépare une division de l'Irak et son éclatement" , et dont l'élaboration ne respecte pas la règle du "consensus minimal qui aurait pu le légitimer" .
"La situation actuelle et ses complications ne sont pas propices à la rédaction d'une Constitution acceptable qui préserve l'unité et les intérêts supérieurs de l'Irak ", ajoutent les oulémas, pour lesquels la Constitution ne doit être élaborée qu'"après le départ des forces d'occupation" .

"PIÈGE DU RÉFÉRENDUM"

Ils appellent les Etats-Unis à "mettre fin à leur occupation et à transférer le dossier aux Nations unies (...) afin de permettre aux Irakiens d'élaborer leur Constitution loin de toute ingérence" et exhortent les Irakiens à ne pas "tomber dans le piège du référendum" constitutionnel, programmé pour le 15 octobre.
Aref Al-Obeidi, l'un des représentants sunnites au comité de rédaction de la Constitution, a enfoncé le clou. "Le Parlement aurait dû être dissous car le projet n'a pas été totalement achevé et ne portait pas la signature des 71 membres du comité de rédaction" , a déclaré M. Al-Obeidi.
La position kurde est à l'extrême opposé. Le Parlement du Kurdistan a approuvé dès mercredi, à l'unanimité, lors d'une réunion spéciale à Erbil, le projet de Constitution. Le Parlement du Kurdistan existe depuis 1992, après qu'une coalition multinationale eut assuré à la région située au nord du 36e parallèle en Irak un parapluie protecteur, garanti par une zone d'exclusion aérienne imposée au régime de Saddam Hussein.
Par ailleurs, d'après le général américain Douglas Lute, Washington a prévu de "faire quelques ajustements" du nombre des forces américaines en Irak au cours des douze prochains mois, une fois mises en place les réformes politiques de l'après-Saddam Hussein.
Selon ce responsable, dont les déclarations sont reprises jeudi 25 août par le Financial Times et d'autres grands titres britanniques, le retrait des forces américaines fait partie d'une stratégie plus large destinée à reporter la charge de la sécurité sur les forces irakiennes, deux ans après l'invasion américano-britannique qui a chassé Saddam Hussein du pouvoir. "Nous croyons qu'à un certain moment il faut tout simplement se retirer et laisser les Irakiens prendre le devant de la scène pour briser cette dépendance envers la coalition ", a déclaré le général Lute lors d'une visite à Londres. "Il faut réduire le sentiment de l'occupation en Irak. C'est très difficile à faire quand on a 150 000 hommes ou plus, pour la plupart des étrangers occidentaux, qui occupent le pays ", a-t-il noté.
Le général Lute est directeur des opérations au commandement central américain, responsable de la planification sur les 12 à 18 mois prochains pour les 138 500 soldats américains en Irak, renforcés par quelque 8 000 Britanniques et 15 000 autres soldats étrangers.
D'après lui, il est "tout à fait envisageable" que les Britanniques déployés dans le sud de l'Irak, moins violent mais instable, puissent être rapatriés avant leurs camarades américains. - (AFP.)

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Heurts interchiites à Nadjaf et à Bagdad

De sanglants affrontements ont opposé dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 août des partisans de l'imam chiite Moqtada Al-Sadr à la police et à des milices rivales à Bagdad et dans d'autres villes. Selon des récits confus, un bureau de Sadr a été attaqué dans la ville sainte de Nadjaf. Cette attaque, qui aurait fait huit morts, a été suivie, à la nuit tombée, d'autres heurts dans la même ville, ainsi que dans au moins trois quartiers chiites de Bagdad et dans des villes du Sud chiite. Un porte-parole de Sadr a critiqué le gouverneur de Nadjaf, membre du Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak (CSRII), et brandi la menace d'un "appel général aux armes" si des excuses n'étaient pas présentées. Le chef du mouvement Badr, branche armée du CSRII, a démenti toute implication dans l'attaque qu'il a qualifiée d'"agression criminelle" destinée à diviser les chiites. Par ailleurs, des insurgés avaient attaqué dans la matinée des policiers dans un quartier sunnite de Bagdad. La police a fait état de 13 tués et de dizaines de blessés. - (Reuters.)
Article paru dans l'édition du 26.08.05

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