22.8.05

Israël achève l'évacuation de la bande de Gaza

LEMONDE.FR | 22.08.05 | 19h25 • Mis à jour le 22.08.05 | 19h38

Les forces israéliennes ont achevé, lundi 22 août, d'évacuer Netzarim, la dernière implantation juive de la bande de Gaza, mettant ainsi fin à 38 années de présence des colons sur ce territoire. L'évacuation des 8 000 colons de Gaza est "dans l'ensemble terminée", a déclaré en début de soirée le général israélien Dan Harel, commandant de la région militaire Sud. "Tous les habitants juifs de la bande de Gaza ont été évacués", a affirmé pour sa part à l'AFP le commandant Zelba, porte-parole de la police.
Quelques pleurs et insultes ont accompagné l'évacuation forcée de ce demi-millier de colons qui habitaient une enclave du centre de la bande de Gaza régulièrement attaquée par les activistes palestiniens. Mais on était loin des scènes de résistance farouche observées dans d'autres colonies du territoire la semaine dernière. Aucun incident majeur n'a marqué l'opération à Netzarim à laquelle ont pris part des centaines de militaires et policiers dont certains ont participé, aux côtés des colons, à une dernière et émouvante prière dans la synagogue de la colonie.
Le premier bus transportant des colons évacués a franchi les portes de la minuscule colonie en fin d'après-midi. "Nous reviendrons vivre ici car c'est notre pays. Nos soldats sont tombés ici", a lancé l'une des passagères, Efrat Raza. "Nous partons contre notre gré, mais nous ne partons pas la tête baissée. (...) Les jeunes arbres que nous avons déracinés ici, nous les replanterons à travers le pays jusqu'à notre retour à Netzarim", a déclaré de son côté le rabbin Tzio Tzio Tawil. Les autobus conduiront les colons d'abord à Jérusalem, pour prier devant le mur des Lamentations, avant de gagner leurs logements provisoires à Ariel, une importante colonie de Cisjordanie.

"UN IMPORTANT CHOC AFFECTIF"

L'évacuation de Gaza n'aura pris que sept jours, soit deux semaines de moins que ce qu'avait prévu le gouvernement d'Ariel Sharon. Les dernières difficultés devraient venir de Cisjordanie, où deux des quatre colonies concernées par le retrait restent à évacuer mardi. L'armée s'attend en effet à un bras de fer avec les ultranationalistes à Sanur et Homesh, en raison de la signification religieuse prêtée à ces implantations qui surplombent la vallée où Joseph aurait été vendu comme esclave par ses frères.
L'armée espère boucler l'évacuation de ces deux enclaves en 24 heures mais elle devrait y rencontrer une vive résistance étant donné l'afflux de centaines de jeunes radicaux prêts à en découdre. Les manifestants ont annoncé leur intention de rendre la fin du processus de désengagement aussi traumatisante que possible afin de dissuader le gouvernement d'Ariel Sharon de poursuivre cette politique en Cisjordanie, où vivent la plupart des 230 000 colons. "Ces militants se heurteront à une tolérance zéro (...). Ceux qui auront recours à la violence se retrouveront en prison", a déclaré le ministre de la sécurité intérieure, Guidéon Ezra. Conscientes du caractère explosif de la situation, les autorités israéliennes ont en outre demandé aux Palestiniens habitant près de Sanur et Homesh de ne pas sortir de chez eux, de peur qu'ils ne soient pris pour cible par des juifs ultras.
Lundi, les Palestiniens saluaient l'évacuation de la colonie de Netzarim et du no man's land qui l'entoure, qui coupaient pratiquement la bande de Gaza en deux. Par ailleurs, la démolition des maisons des colons de la bande de Gaza sera achevée "d'ici deux semaines et demie", en avance sur le programme prévu, a déclaré lundi à Netzarim le général Uzi Moskovitch. Il a aussi indiqué que les colons qui n'avaient pas eu le temps d'empaqueter leurs effets seront autorisés à revenir sur place. "Nous voulons leur venir en aide car ils ont vécu un important choc affectif", a expliqué le général en soulignant que l'armée avait pris toutes les mesures pour empêcher d'éventuels "pillages" dans les colonies évacuées.
Si tous les colons sont à présent partis de Gaza, le retrait ne sera cependant complet qu'après le départ des derniers soldats, vraisemblablement en octobre. L'Autorité palestinienne a fait savoir qu'elle prendrait alors le contrôle des zones abandonnés par les Israéliens.

Avec AFP et Reuters

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