31.8.05

Pétrole, pétrole…

A qu’il était doux le temps du pétrole à moins de 20 $ ! Le doux chant des politiques qui nous promettaient que dès son passage à 25 $, des mécanismes de régulation se mettraient automatiquement en place… Et puis ? Et puis rien. La bulle spéculative pétrolière s’est avérée n’avoir rien à voir avec une conjoncture chinoise en surchauffe. Passe encore pour l’envolée des prix de l’acier de ce printemps, où le marché de l’Empire du Milieu (dans tous les sens du terme) demandait plus que les aciéries mondiales étaient prêtes à fournir ! Mais pour la hausse des prix du pétrole, la question était plus structurelle. Tour à tour, les nouvelles importantes ont été minorées. D’abord, l’annonce par les principales compagnies de forages qu’elles n’étaient pas totalement certaines des réserves mondiales. Certes, les données satellitaires permettaient d’être plus précis, mais il fallait s’attendre à une révision, à la baisse naturellement, des réserves. Puis, la révélation par les principales compagnies de raffinage de leur faibles investissements dans les matériels depuis plus de vingt ans. D’où des incapacités à faire face à une hausse de la consommation du fait de la limite ces capacités de raffinage. Face aux dégâts de Katrina, l’ouragan qui s’est abattu sur le sud des Etats-Unis, et particulièrement sur la Nouvelle-Orléans, les explications ont été celles-là. 40 % des capacités de raffinage du pays en proviennent, sans parler des puits off-shore du golfe du Mexique, dont un tiers ont été touchés, directement ou indirectement.
La question pétrolière n’a rien à voir avec la spéculation. On se souvient des efforts des pays du tiers-monde, celui qui n’était inféodé ni à Moscou, ni à Washington. Ils avaient conduit au premier krach pétrolier en 1973. Arme de rétorsion contre la politique israélienne au Proche-Orient, arme de pression auprès des Etats occidentaux pour qu’ils apportent un peu plus de justice, cette action se voulait aussi une arme pour le développement. Dans les antichambres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP), il était question de redistribuer cette manne auprès des « frères » arabes qui n’en disposait pas. Mais elle prit rapidement les chemins du système bancaire occidental, offrant ainsi un moyen de rétorsion aux Etats d’Europe, des Etats-Unis et du Japon. L’égoïsme des membres de l’OPEP marqua durablement la relation interarabe.
Il enlevait aussi au marché pétrolier un moyen de régulation. Les nationalisations des puits retiraient la propriété aux cinq grandes compagnies, mais pas l’exploitation. Il s’en est suivi une monopolisation du marché, couplé à une territorialisation. L’absence de réelle concurrence a fait le reste en matière de formation du prix et de maintien de la capacité de production. Un manque de prévision empêcha de saisir la portée réelle de l’éveil tant souhaité de la Chine. Mais, plutôt qu’une cause, il en a été le révélateur.

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