19.9.05

Au drapeau…

Mais où est donc passé le drapeau américain ? L’invasion des blockbusters hollywoodiens de l’été nous avait donné l’habitude depuis quelques années de distiller un patriotisme de bon aloi à grand renfort de politiquement correct et plans, larges et serrés, du drapeau américain. Même Michael Moore, consciemment ou non, avait flirté avec cette tendance dans son pamphlet cinématographique anti-Bush. La tendance avait même, depuis le 11 septembre 2001, débordé sur les séries télévisées.
Or, cette année, foin de Star Spangled Banner. La superproduction de Steven Spielberg, « La Guerre des Mondes », promettait d’être superpatriotique. Eh bien non ! Elle éructa sur les rapports d’un père divorcé avec ses enfants, qui le prennent pour un loser. On voit bien des militaires en action, mais ils ne portent guère d’indices pour les identifier. Tout juste portent-ils la tenue « centre Europe », comme les gardes nationaux…Il y a bien des allusions au 11 septembre 2001, avec cette crainte des terroristes et ces affichettes pour signaler qu’on recherche des disparus. Mais le climat de cette Amérique profonde ressemble plutôt aux « Raisins de la colère » qu’à un symbole de l’Amérique triomphante, comme « Independance Day ».
On était en droit de s’attendre à un autre traitement patriotique dans le film de Rob Cohen, « Furtif ». Ayant reçu le soutien du Departement of Defense, traitant de sujets militaires, on était en droit de s’attendre à un remake, version XXIe siècle de l’hymne à la Navy qu’était au milieu des années 1980 « Top Gun ». Et bien non, nouvelle déception ! Pas de drapeau américain.
L’ouragan Katrina déchaîna un torrent de passion autour de la Nouvelle-Orléans. Les secours se sont organisés tant bien que mal, les militaires se sont déployés, le président Bush s’est déplacé maintes fois. Et, une fois encore, pas l’ombre d’une bannière étoilée à l’horizon.
Pendant ce temps, en Irak, en Afghanistan et dans le reste du monde, les soldats des Etats-Unis entrent dans un moment de doute qui ne tardera pas à devenir aussi porteur de conséquences que le Vietnam. Déjà, les médias ne doivent pas montrer les images de corps des soldats. A la Nouvelle-Orléans, la même consigne a été donnée… Quant au cinéma américain, il se laisse aller à deux tendances qui avaient marqué la fin de la guerre de Corée, celles de la science-fiction, pour conjurer le sort de la crainte d’une invasion soviétique, et de la comédie de mœurs. La page du 11 septembre est en train de se refermer.

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