15.9.05

Bush : contre le terrorisme, le développement

nations unies Le président américain a défendu hier au sommet mondial de New York une approche globale de sa «guerre» qui passe par la lutte contre la pauvreté

Les Etats membres de l'ONU sont parvenus in extremis à un accord minimal, à la veille du sommet mondial qui s'est ouvert hier à New York pour trois jours, en présence de quelque 170 chefs d'Etat et de gouvernement. Mais la déclaration finale obtenue est en deçà des objectifs sur la plupart des projets de réforme proposés par Kofi Annan. George W. Bush, qui a serré la main de Dominique de Villepin, lui a transmis un message d'amitié pour Jacques Chirac.

New York : de nos envoyés spéciaux, Alain Barluet et Philippe Gélie
[Le Figaro, 15 septembre 2005]


George W. Bush a toujours le même but : débarrasser la planète des terroristes qui avaient frappé il y a quatre ans à quelques encablures du siège des Nations unies. Mais il a considérablement élargi sa vision de la «guerre» déclenchée par les attentats du 11 septembre 2001 pour y intégrer la propagation de la démocratie et la lutte contre la pauvreté.
C'est cette approche «globale» qu'a exposée hier le président américain devant l'Assemblée générale de l'ONU à New York. «Soit nous répandons l'espoir, soit c'est la violence qui se propagera, a-t-il déclaré. Nous devons choisir le camp de l'espoir.» Ses appels au monde libre «à s'unir contre les terroristes» ne sont pas nouveaux. En revanche, la reconnaissance que les idéologies radicales «se nourrissent de la colère et du désespoir» et que les nations développées «ont l'obligation morale d'aider les autres» a pris une importance nouvelle dans sa pensée. «C'est toujours la même idée que les valeurs démocratiques et la lutte pour la liberté peuvent changer le monde, observe un diplomate européen, mais ce n'est plus le même langage qu'il y a deux ans.»
Désormais, tout s'enchaîne dans la vision de monde de Bush : la misère nourrit le terrorisme, la démocratie protège la paix et les droits de l'homme. Balayant les réticences de son ambassadeur à l'ONU, il affirme l'engagement américain en faveur des objectifs du millénaire (l'augmentation de l'aide au développement pour réduire la pauvreté), y ajoutant une exigence de «bonne gouvernance et de respect de l'état de droit.» Il plaide aussi pour l'allégement de la dette, «un accès égal de toutes les nations à l'économie mondiale» et propose solennellement «d'éliminer toutes les subventions et barrières douanières, si les autres pays font de même». «Il faudra analyser sérieusement cette proposition», dit-on côté français.
Bush ne se gêne pas pour donner sa définition du terrorisme : «La violence contre les civils ne peut être justifiée par aucune cause», dit-il. Une définition plus précise que celle, très diluée, figurant dans la déclaration finale du sommet. Celle-ci se contente, selon une formulation vague, de condamner le terrorisme «dans toutes ses formes et manifestations, quels que soient ses auteurs et ses objectifs, comme étant l'une des plus sérieuses menaces pour la paix et la sécurité internationales». Dans le texte définitif, la mention des cibles civiles du terrorisme a finalement été rayée en contrepartie de l'abandon par les pays arabes d'un paragraphe inacceptable pour les Etats-Unis qui soulignait la légitimité des peuples, les Palestiniens en l'occurrence, à lutter contre l'occupation. La mise au point d'une définition du terrorisme est pourtant une étape obligée avant la ratification de la convention globale sur le terrorisme international, inscrite à l'ordre du jour de la 60e Assemblée générale de l'ONU qui prendra fin en septembre 2006. L'exercice s'annonce ardu.
Pour son grand retour à l'ONU, Dominique de Villepin a, lui aussi, évoqué le terrorisme, en intervenant hier devant le Conseil de sécurité. «Aucun de nos Etats n'est à l'abri», a déclaré le premier ministre en mettant l'accent sur la nécessité de mener la lutte contre le terrorisme dans le respect du droit. «L'exemplarité des démocraties est notre meilleur atout face aux terroristes», a-t-il déclaré en soulignant la nécessité d'une «action résolue contre tout ce qui nourrit le terrorisme». «La force seule n'en viendra jamais à bout» a lancé Dominique de Villepin assis presque en face de George W. Bush dans l'enceinte où il s'était opposé avec fougue au recours unilatéral à la force contre l'Irak en février 2003. «Notre coopération fera notre force», a-t-il ajouté.
Le terrorisme a également fait l'objet hier d'une initiative de Tony Blair. Le premier ministre a fait adopter à l'unanimité par le Conseil de sécurité une résolution visant à lutter contre l'incitation au terrorisme. Deux mois après les attentats suicides de Londres (56 morts, le 7 juillet dernier), le dirigeant travailliste a porté, dans le cadre solennel des Nations unies, un discours désormais bien rodé : celui de la «tolérance zéro» dont l'objectif est de condamner aussi sévèrement les auteurs des actes de terreur que ceux qui les inspirent.

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