16.9.05

La Chine déploie son réseau de pipelines

PetroChina annonce une opération d'envergure

Shanghaï : Julie Desné
[Le Figaro, 16 septembre 2005]

La flambée des cours du pétrole, dont la Chine est devenue grande consommatrice, stimule les investissements de Pékin, soucieux de réduire au maximum sa dépendance énergétique. La stratégie du pays est double : sécuriser les approvisionnements et moderniser les infrastructures locales. Deux opérations viennent d'être annoncées en trois jours.
Mercredi, Andes Petroleum, un consortium mené par China National Petroleum Corporation (CNPC), a rendu public le rachat d'une compagnie canadienne, EnCana, en Equateur, pour 1,4 milliard de dollars. Par cette opération, la Chine s'offre une réserve estimée à environ 143 millions de barils. L'acquisition d'EnCana reste toutefois soumise à l'approbation du gouvernement équatorien.
En tout cas, Pékin n'a pas fait de publicité autour des négociations. Le pouvoir chinois a retenu la leçon de l'affaire Unocal : en juin dernier, Cnooc, troisième groupe chinois du secteur, avait mis un peu plus de 18 milliards de dollars sur la table pour racheter la compagnie américaine Unocal. Une levée de boucliers de la part d'élus et de grands industriels avait accueilli la proposition. Pas question de laisser la Chine toucher au pétrole américain. La transaction a échoué.
L'autre souci du gouvernement, après les pénuries qui ont touché cet été la province du Guangdong (sud de la Chine), est d'améliorer son réseau national de distribution.
PetroChina a annoncé hier son intention d'étendre son réseau de pipelines à l'intérieur des frontières. La filiale du géant CNPC compte investir 12,3 milliards d'euros pour financer la construction de 15 000 kilomètres de pipelines dans les cinq prochaines années. Quelque 8 000 kilomètres seront destinés au transport du gaz naturel, 3 000 kilomètres seront affectés au pétrole brut et 4 000 kilomètres au pétrole raffiné.
Tous les parcours n'ont pas encore été précisés, mais les oléoducs couvriront les zones du Sud-Ouest, du Nord-Ouest et du Nord-Est, a précisé la Commission d'administration et de contrôle des actifs d'Etat. Un oléoduc partira par ailleurs du Kazakhstan, où CNPC vient d'acquérir le mois dernier le pétrolier canadien PetroKazakhstan pour 4,18 milliards de dollars. Une partie de ce pipeline sera opérationnelle avant la fin de l'année.
Le développement du réseau de distribution fait suite à l'annonce par PetroChina le mois dernier d'accélérer sa production de brut. Le fleuron du pétrole chinois compte accroître la production de quatre de ses raffineries à 10 millions de tonnes par an chacune d'ici à dix ans.
Selon un analyste de la société China Securities, l'une des principales raisons pour Petrochina d'accroître ses capacités de raffinage est de pouvoir faire face à la concurrence de plus en plus vive de sociétés chinoises, mais aussi de concurrents étrangers, sur le marché de détail. Outre PetroChina, numéro cinq mondial, la Chine dispose de grands groupes pétroliers avec CNPC, maison mère de PetroChina, Sinopec, Cnooc et Sinochem.
La production locale de pétrole brut devrait augmenter d'environ 1% en 2006, précise un rapport de la banque d'affaires suisse UBS. Actuellement, les approvisionnements énergétiques de la Chine proviennent pour 43% de l'étranger. A plus long terme, les importations devraient dépasser la barre des 50%, en 2010, et atteindraient 82% en 2030, selon l'Agence internationale de l'énergie. La flambée récente du pétrole, que les spécialistes qualifient aujourd'hui de durable, inquiète donc la Chine a plus d'un titre.

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