13.9.05

L'enseignement supérieur en France épinglé par l'OCDE

Compte rendu

LEMONDE.FR | 13.09.05 | 18h29 • Mis à jour le 13.09.05 | 20h40

La France doit "faire encore des efforts" pour son enseignement supérieur, car l'investissement public qui y est consacré reste "insuffisant", estime l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), mardi 13 septembre, dans son rapport annuel sur l'éducation, d'autant que 40 % des étudiants échouent encore à décrocher un diplôme.
Engagée depuis vingt ans dans la massification des études supérieures, la France a doublé son accueil post-bac en trente ans. Selon le document de l'OCDE, 18 % des jeunes accédaient à des études supérieures dans les années 1970 contre 35 %, vingt ans après, et 39 % en 2003.

TAUX D'ÉCHEC ÉLEVÉ

Mais, en comparaison avec les autres pays industrialisés, si la France a effectué le plus grand bond quantitatif après la Corée du Sud, elle demeure mal classée (19e sur 26), d'autant que seuls 60 % des étudiants obtiennent un diplôme avant de quitter le système. "En France, il y a des infrastructures, il y a des enseignants, mais le taux d'échec est au-dessus de la moyenne des pays de l'OCDE, l'investissement effectué dans l'enseignement supérieur est donc perdu", a commenté, lors d'une conférence de presse, Bernard Hugonnier, directeur adjoint pour l'éducation à l'OCDE. En effet, à peine 27 % d'une génération décroche un diplôme dans le supérieur (licence, maîtrise ou diplôme d'ingénieur), soit presque moitié moins qu'en Australie ou en Finlande.
L'organisation préconise donc un investissement de meilleure qualité dans l'enseignement supérieur. La dépense publique de la France pour un étudiant reste à peine supérieure à celle allouée à un collégien, et l'investissement dans l'enseignement supérieur (1,1 % du produit intérieur brut) est largement en dessous de la moyenne des pays de l'OCDE (1,4 %). A titre de comparaison, la Corée du Sud dépense moitié moins que la France par étudiant, mais 80 % de ses étudiants finissent leurs études.
"La question que doit se poser la France, c'est : 'Il faut que j'augmente le financement du supérieur, quel moyen pour le faire ?'", avance M. Hugonnier, en recommandant d'étudier les exemples fournis par les autres pays industrialisés. Ainsi l'organisation déplore-t-elle la faible part de l'investissement privé dans les établissements d'enseignement supérieur : "Environ 15 %, c'est insuffisant, indiscutablement, par rapport aux pays où le système est de meilleure qualité", juge M. Hugonnier. L'OCDE pense que la France pourrait "réallouer" ses dépenses du secondaire vers le supérieur, mais aussi mieux orienter ses étudiants et, éventuellement, les encourager à écourter leurs études.

PROGRESSION GLOBALE DU NIVEAU DE FORMATION

Mais elle suggère surtout que le débat sur les prêts étudiants, qui sont monnaie courante aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, s'ouvre enfin en France. "Si on paye de sa poche, on fait plus attention à ce qu'on fait", argumente M. Hugonnier, même si au Canada et au Royaume-Uni, la généralisation des prêts étudiants a donné lieu à de vives polémiques. Les uns ont crié à l'inégalité puisque les étudiants financent eux-mêmes leurs études, les autres à la réussite, les universités ayant enfin les moyens de fonctionner. L'exemple des Etats-Unis montre cependant les limites de la pratique du prêt étudiant puisque le prêt ne constitue pas, chiffres à l'appui, un rempart contre l'échec en cours d'études.
Autres traits marquant du rapport de l'OCDE : l'Allemagne et la Grèce arrivent en tête pour la réussite (plus de 95 %) de leurs élèves aux diplômes de fin d'études secondaires, mais ce sont l'Australie et la Finlande qui enregistrent les meilleurs résultats dans le supérieur (près de 50 % de diplômés). L'OCDE relève une progression du niveau de formation "sous l'effet de l'augmentation du nombre de jeunes qui terminent leurs études secondaires ou supérieures". En effet, sur vingt et un pays étudiés en 2003, seuls quatre ont des taux de réussite inférieurs à 70 % au diplôme de fin d'études secondaires qu'ils proposent à leurs élèves : l'Espagne (67 %), la République slovaque (56 %), la Turquie (41 %) et le Mexique (36 %). Avec 81 % de réussite au bac ou aux diplômes professionnels du secondaire, la France arrive en 12e position derrière la Suisse (90 %, 6e), mais devant les Etats-Unis (73 %, 16e).
Avec AFP

Aucun commentaire: