13.9.05

Les Etats-Unis mettent l'OTAN sous pression

LEMONDE.FR | 13.09.05 | 19h04 • Mis à jour le 13.09.05 | 20h14

Le secrétaire d'Etat à la défense américain , Donald Rumsfeld, arrivé mardi 13 septembre à Berlin pour une réunion de deux jours avec ses homologues de l'OTAN, a appelé l'Alliance à accroître sa capacité d'intervention, notamment en Afghanistan, cela alors que les Etats-Unis sont engagés dans une mission parallèle pour traquer les membres restants de l'ancien régime des talibans.
Ces pressions du chef du Pentagone interviennent alors que les ministres de l'OTAN doivent plancher sur les modalités de l'extension de la Force internationale d'assistance à la sécurité (ISAF) en Afghanistan, qui est sous commandement de l'Alliance depuis août 2003.
"A un moment donné, l'OTAN devra avoir la capacité de prendre le contrôle de la partie est" du pays, où les forces de coalition mènent un combat quotidien contre les rebelles antigouvernementaux, a estimé Donald Rumsfeld devant des journalistes qui l'accompagnaient à Berlin. "Tous les pays membres sont d'accord pour dire que l'ISAF et l'OEF (Enduring Freedom Operation) ont besoin de travailler plus étroitement ensemble et que, lorsque l'OTAN s'étendra à travers tout le pays, il devra y avoir une unité de commandement", a déclaré de son côté le porte-parole de l'OTAN, James Appathurai.
L'ISAF, une force de plus de 10 000 soldats initialement cantonnée à Kaboul, s'est d'abord étendue vers le nord, puis l'ouest du pays, mais les plans actuels prévoient qu'elle se déploie dans le sud et à l'est l'année prochaine. Or, cela suppose de définir une répartition des tâches précise entre l'ISAF, qui est une force de stabilisation, et l'opération l'OEF dirigée par les Etats-Unis en Afghanistan et chargée de traquer les membres restants de l'ancien régime des talibans et du réseau Al-Qaida. Les Etats-Unis souhaitent que d'ici la fin 2006, l'ISAF prenne le commandement de toutes les opérations militaires, un scénario que Paris et Berlin notamment sont réticents à avaliser craignant la confusion des genres.

LES TROUPES AMÉRICAINES EN IRAK PAS AFFECTÉES

"Dans ce cadre global, il faut encore résoudre un certain nombre de détails. Certains pays partagent des visions différentes", a ainsi déclaré Donald Rumsfeld."Clairement, si vous êtes un commandant de l'OTAN dans une zone d'opération et qu'il y a différentes règles d'engagement et différentes restrictions de la part des troupes nationales, il est extrêmement difficile pour les responsables d'avoir de la flexibilité", a-t-il précisé. Intervenant sur une radio allemande, le ministre allemand de la défense, Peter Struck, s'est ainsi clairement prononcé pour le maintien de deux missions distinctes en Afghanistan."Je ne veux pas que nos soldats soient soumis à des dangers supplémentaires si ces deux mandats sont liés l'un à l'autre", a-t-il affirmé.
Pour sa part, le ministre britannique de la défense, John Reid, a plutôt plaidé dans le sens de Donald Rumsfeld en prévenant que cette expansion nécessitera l'envoi de "plusieurs milliers" de soldats supplémentaires. Le chef du Pentagone, qui s'exprimait à ses côtés, a cependant tenu à réfuter les déclarations faites à la presse par le président irakien Jalal Talabani, selon lequel plus d'un tiers des troupes américaines pourraient quitter l'Irak avant fin 2005. Il a ainsi sous-entendu qu'un rédéploiement en Afghanistan n'affecterait pas les effectifs militaires américains présents dans le pays.
Cette discussion sur l'Afghanistan intervient justement au moment où l'OTAN se pose de sérieuses questions sur sa capacité à mobiliser des forces suffisantes. A cet égard, Donald Rumsfeld entend insister auprès de ses homologues sur la nécessité de faire en sorte que l'action de l'OTAN ne soit plus entravée par des restrictions imposées par certains pays à l'emploi de leurs troupes. La réunion de Berlin doit être l'occasion en outre d'une discussion approfondie entre ministres sur l'avenir de l'organisation internationale "dans 10 à 15 ans", alors que celle-ci cherche à adapter ses structures et missions aux nouveaux défis de sécurité. Lors de cette réunion, le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, entend aussi soulever le problème du financement des activités de l'OTAN, un sujet politiquement sensible alors que nombre de pays ont réduit leurs dépenses dans le domaine de la défense.
Le 18 septembre, des élections législatives historiques doivent aussi avoir lieu en Afghanistan.

Avec AFP

Aucun commentaire: