14.9.05

L’irresponsabilité

Les événements de ces derniers jours témoignent de la plus grande irresponsabilité des hommes politiques du pays. Ils résultent aussi de l’aveuglement des médias, pris dans une sorte de collusion responsable en raison de l’opération d’information gouvernementale. La logique du conflit, telle que rapportée par les médias, nationaux et internationaux, au travers des agences de presse et des envoyés spéciaux, a toujours été biaisée par la pression — ne parlons pas de censure, il s’agit tout de même d’une démocratie — gouvernementale, qui visait à empêcher que le faible n’apparaissent comme une victime. L’opération d’information vient du fait que la victime devint l’agresseur, puisque se rebellant contre l’ordre établi. Dans une certaine mesure, cette impossibilité de traiter la question en dehors de cet angle s’expliquait par des motifs de sécurité et d’agenda. Les premiers tiennent au fait que la sécurité des journalistes et reporters d’image qui souhaitaient traiter de ce conflit incombait au force de l’ordre, armée et police ; en quelque sorte, ils étaient « embedded », comme on dit aujourd’hui. Les seconds tiennent plus aux diffusions télévisuelles : d’une part, les conditions de sécurité n’étant pas réunies, les chaînes du monde entier récupéraient les images tournées par des réseaux locaux (agences ou chaînes nationales/régionales) ; or, la perception de ce conflit par le pays était telle que le faible était assimilé à un terroriste.
D’où une vision biaisée du conflit… nord-irlandais, car c’est bien de cette guerre civile dont il est question. Pour le Proche-Orient, le poids de la censure israélienne a été aléatoire, et il est impossible de juger à l’aune de l’opération d’information initiée lors de la seconde Intifada. Il faut simplement se rappeler que la première Intifada, militairement gagnée par Israël, a été un fiasco médiatique, permettant aux Palestiniens d’engranger des gains de « sympathie » au niveau international. Ce qu’a souhaité éviter Jérusalem à l’automne 2001…
La flambée de violence de ses derniers jours à Belfast démontre une fois de plus que la bonne foi des républicains de Gerry Adams a été mise en doute inutilement depuis les accords du Vendredi saint. Elle démontre que l’élément le plus dangereux pour la paix en Irlande du nord n’était pas le stock d’armes de l’Irish Republican army (IRA) et de ses dérivés provisoire ou autres appellations. Le danger venait du chantage permanent que faisait peser sur le processus de paix le pasteur Paisley et ses enfants. Leur discours n’a servi qu’à discréditer le courant de la paix et du rapprochement avec les catholiques de David Trimble et de son Parti unioniste d’Ulster, renforçant par la même le Parti unioniste démocrate (DUP) du fils Paisley lors des élections législatives du 5 mai 2005. Deux jours plus tard, le co-lauréat du prix Nobel de la paix 1998 avec John Hume, annonçait au comité directeur de son parti qu'il quittait son poste de chef de la seconde formation protestante nord-irlandaise, démissionnant du même coup de son poste de Premier ministre.
La surenchère de Paisley empêcha tout renouvellement de l’exécutif et une reprise en main de l’Irlande du nord par Londres. La flambée de violence de ce week-end, où la responsabilité de la confrérie protestante de l'ordre d'Orange est aussi éclatante que celle de la Force des volontaires d'Ulster (UVF), est aussi pour le Secrétaire britannique pour l'Irlande du Nord, Peter Hain, politique : « Les hommes politiques n'ont aucune excuse pour fermer les yeux sur les tentatives de meurtre de policiers en Irlande du Nord, ni sur les attaques subies par leurs forces et encore moins sur les incitations à la violence. »

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