26.9.05

Une journaliste victime d'un attentat au nord de Beyrouth

LIBAN

Sibylle Rizk
[Le Figaro, 26 septembre 2005]

May Chidiac, une journaliste vedette de la télévision, a été grièvement blessée hier en fin d'après-midi dans un nouvel attentat à la voiture piégée au Liban. La présentatrice du journal télévisé et d'une émission politique très prisée de la LBC, une chaîne libanaise diffusée par satellite dans tout le monde arabe, a été emmenée d'urgence à l'hôpital, après avoir été secourue par des passants qui ont éteint sa chevelure en flammes.
Une charge apparemment placée sous le siège du conducteur a explosé au moment où elle faisait démarrer sa Range Rover, à Jounieh, une ville située à une vingtaine de kilomètres au nord de Beyrouth. Les jambes et les bras de la présentatrice sont particulièrement touchés et elle aurait été amputée, a annoncé l'un de ses collègues, la voix blanche. May Chidiac, qui est connue et appréciée de toute la classe politique libanaise, était à l'antenne hier matin, peu avant l'attaque dont elle a été victime, pour une émission consacrée à l'implication possible de la Syrie dans les attentats au Liban.
Cet attentat, qui survient une fois encore dans une région chrétienne du Liban, est le treizième depuis l'assassinat de l'ancien premier ministre Rafic Hariri, le 14 février dernier. C'est aussi la deuxième fois qu'un journaliste de renom est visé. L'éditorialiste du quotidien An-Nahar, Samir Kassir, a été tué dans des conditions similaires devant son domicile à Beyrouth, en juin dernier. L'ancien secrétaire général du Parti communiste libanais, Georges Haoui, a également été tué dans un attentat à la voiture piégée, tandis que le ministre de la Défense, Elias el-Murr, a échappé miraculeusement à une tentative d'assassinat. Les autres explosions ont visé des quartiers résidentiels ou commerciaux chrétiens, dans le but apparent de semer la terreur, avec la volonté toutefois de limiter le nombre de victimes.
Alors que l'enquête internationale ouverte sur l'assassinat de Rafic Hariri semble avancer à grands pas, la justice libanaise n'a pour l'instant élucidé aucun des autres attentats qui secouent le pays à intervalles réguliers, créant une tension très vive chez les Libanais. Le chef de la commission internationale, Detlev Mehlis, devrait présenter son rapport final le 21 octobre, après avoir demandé l'arrestation de quatre généraux libanais, considérés comme des piliers du système sécuritaire mis en place par Damas au Liban avant son retrait fin avril, sous la pression de la rue libanaise et des capitales occidentales. Le procureur allemand a aussi interrogé la semaine dernière à Damas plusieurs responsables syriens précédemment en poste au Liban, mais peu de choses ont filtré sur ces interrogatoires. Damas dément toute implication dans les attentats. Mais, au Liban, des doigts accusateurs se tournent vers la Syrie.

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