proche-orient Le leader palestinien effectuait hier sa première visite à Washington après le retrait israélien de la bande de Gaza, en septembre dernier.
Jean-Louis Turlin
[Le Figaro, 21 octobre 2005]
MAHMOUD ABBAS a l'oreille de George W. Bush, contrairement à son prédécesseur Yasser Arafat, que l'actuel locataire de la Maison-Blanche a toujours ignoré. Le président palestinien n'attendait pas de miracle de la première visite qu'il effectuait, hier à Washington, depuis le retrait israélien de la bande de Gaza, mais il a au moins trouvé l'écho qu'il souhaitait à son opposition aux nouvelles implantations juives en Cisjordanie.
De son côté, le président Bush a fermement rappelé à son hôte, tout en le félicitant chaudement pour son action politique, qu'il doit faire beaucoup plus pour neutraliser les attaques anti-israéliennes. De là à la reprise de la feuille de route pour l'établissement d'un Etat palestinien côte à côte avec l'Etat hébreu dans la sécurité, le chemin est encore long et semé d'embûches. Si Bush a l'appelée de ses voeux, il n'a pas parlé de reprise des négociations ni de nouvelle initiative américaine.
La reprise de la violence illustre le cercle vicieux qui paralyse tout progrès sur le terrain, bien loin «des remarquables progrès» politiques dont le président américain a pu se flatter, hier, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue palestinien à l'issue de leur entretien. L'assassinat, dimanche, de trois colons juifs par un groupe se réclamant du Fatah (le mouvement au pouvoir dont Abbas a nié tout lien avec les tueurs) est le genre d'incident qui incite Israël à poursuivre le blocage des points de sortie de Gaza et à renforcer le mur destiné à stopper les kamikazes. «La barrière de sécurité ne doit pas constituer une barrière politique», a rappelé George W. Bush, avant d'ajouter : «Israël ne doit pas entreprendre d'activités qui contreviennent à ses obligations relativement à la feuille de route», tracée par le Quartette (Etats-Unis, Nations unies, Union européenne et Russie).
Négociations suspendues
C'est la poursuite de la colonisation en Cisjordanie qui est particulièrement visée et qui embarrasse Washington. Dans une lettre publiée hier par le Washington Post, Mahmoud Abbas déplorait qu'elle ait atteint «le niveau le plus élevé de toutes les années d'occupation» depuis l'annonce du retrait israélien de Gaza il y a un peu plus de deux ans. Le président palestinien estime que le refus israélien de négocier et la prise de décisions unilatérales «nourrissent cette minorité à l'intérieur de la société palestinienne qui voit la lutte violente comme la seule réponse».
La reprise des négociations est suspendue au démantèlement du Hamas et au désarmement des diverses factions «terroristes» qu'exige Israël, mais que l'Autorité palestinienne espère neutraliser en les intégrant au processus politique. Washington soutient la position israélienne en matière de désarmement, mais Mahmoud Abbas a redit à George W. Bush sa conviction que le Hamas se transformerait en parti politique si ses candidats peuvent participer librement aux élections législatives de janvier prochain. L'autre face de la vérité est que le leader palestinien n'a pas les moyens de désarmer les «combattants». Son interlocuteur a évoqué «un plan pour coordonner la sécurité» avec «le soutien de la communauté internationale».
En attendant, Bush a fait passer un message à Israël en rejoignant Abbas sur la question des implantations en Cisjordanie, mais aussi sur le désenclavement de la bande de Gaza et sur la libre circulation. En confirmant son engagement sur la feuille de route comme l'avait fait Jacques Chirac en recevant Mahmoud Abbas deux jours plus tôt, le président américain, qui se dit «plus confiant qu'il y a cinq ans», lorsqu'il est arrivé à la Maison-Blanche, devra faire pression sur Sharon sans risquer de compliquer le jeu intérieur du premier ministre israélien, qui doit affronter ses électeurs l'an prochain.
21.10.05
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