31.10.05

Hariri : l'ONU vote une résolution sommant Damas de coopérer

AFP
[31 octobre 2005]

Le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni au niveau ministériel, a adopté aujourd'hui, à l'unanimité de ses quinze membres, une résolution sommant la Syrie de coopérer à l'enquête internationale sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Cette résolution, numérotée 1636, ne contient pas de menace claire de sanctions à l'égard de la Syrie si elle ne coopérait pas. Elle se contente de mentionner qu'en pareil cas, le Conseil «pourra, si nécessaire, envisager d'autres mesures».
Le préambule de la résolution signale toutefois que le Conseil agit «aux termes de l'article VII de la Charte». Ce chapitre concerne «l'action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression». C'est celui sur lequel se base le Conseil pour prendre des sanctions, voire pour aller plus loin avec un possible recours à la force.
Le texte, qui contenait initialement une menace implicite d'un recours à des sanctions économiques ou diplomatiques à l'égard de Damas, a été édulcoré par ses trois parrains (Etats-Unis, France et Grande-Bretagne) pour obtenir l'unanimité du Conseil.
Il s'agissait d'obtenir l'assentiment de la Chine, de la Russie et de l'Algérie, hostiles par principe à l'utilisation par le Conseil de la menace de sanctions.
Rafic Hariri a été tué le 14 février dans un attentat à l'explosif à Beyrouth, où les services de renseignement militaire syriens jouissaient à l'époque d'une influence déterminante.
L'enquête de l'Onu doit se poursuivre au moins jusqu'au 15 décembre.
Les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité s'étaient entretenus dimanche soir à New York du projet de résolution qui avait suscité des réserves notamment de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité ayant un droit de veto.
«Il s'agissait de faire un tour d'horizon des sujets actuellement traités par le Conseil de sécurité des Nations unies, dont les suites qu'il convient de réserver au rapport présenté par le juge (allemand Detlev) Mehlis», a expliqué lundi le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, Denis Simonneau.
A Moscou, le ministère russe des Affaires étrangères a indiqué que la Russie et la Chine partageaient «les mêmes vues» sur la position à adopter au Conseil de sécurité à l'égard de la Syrie. «La convergence de vues est évidente», a affirmé la Russie, opposée à des sanctions internationales contre la Syrie, évoquant les résultats d'une rencontre entre le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov et son homologue chinois Li Zhaoxing la veille à New York.
La réunion ministérielle lundi du Conseil de sécurité était présidée par le ministre roumain des Affaires étrangères, Razvan Ungureanu, la Roumanie assurant la présidence tournante du Conseil en octobre.
La presque totalité des ministres des Affaires étrangères des pays membres du Conseil y ont participé, dont les représentants des cinq membres permanents: l'Américaine Condoleezza Rice, le Français Philippe Douste-Blazy, le Britannique Jack Straw, le Russe Sergueï Lavrov et le Chinois Li Zhaoxing.
Vu la gravité du moment pour la Syrie, son ministre des Affaires étrangères, Farouk al-Chareh, a aussi fait le déplacement jusqu'à New York - même si son pays n'a pas le droit de vote. M. Chareh est lui-même accusé dans le rapport de la commission d'enquête dirigée par le magistrat allemand Detlev Mehlis d'avoir adressée à cette instance une lettre contenant de fausses informations.
M. Mehlis a conclu à l'existence de «preuves convergentes» de l'implication des services de sécurité syriens et libanais dans l'assassinat et affirmé que Damas n'avait pas coopéré à ses investigations.

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