Trois chrétiennes sauvagement assassinées en Indonésie

Asie du Sud-Est Le massacre de trois adolescentes chrétiennes rallume les craintes d'affrontements interreligieux dans les Célèbes.

P. Bè. (avec AFP)
[Le Figaro, 01 novembre 2005]

LA DÉCAPITATION de trois adolescentes chrétiennes samedi fait craindre une nouvelle montée des violences interreligieuse en Indonésie. Les trois victimes revenaient à pied de leur école à Poso, dans le centre de l'île de Sulawesi (le nom moderne des Célèbes), quand elles ont été attaquées samedi par six hommes masqués. Leurs têtes ont été retrouvées près d'un poste de police et d'une église.
Le pape Benoît XVI a exprimé ses condoléances aux familles des trois adolescentes, un «meurtre barbare», selon ses termes. En 2000 et 2001, les affrontements entre chrétiens et musulmans dans cette île ont coûté la vie à plus d'un millier de personnes.

90% de musulmans

Malgré un accord de paix imposé en décembre 2001 par le gouvernement, des incidents sporadiques – fusillades et bombes – opposent fréquemment les deux communautés. Près de 90% des 212 millions d'Indonésiens sont musulmans, mais dans certaines régions, comme à Poso, les chrétiens représentent à peu près la moitié de la population.
Le chef de la police nationale, le général Susanto, a effectué dimanche un bref passage dans le village où il a assuré les responsables religieux de ses efforts pour retrouver les auteurs des actes barbares. L'officier a cité des sources des services de renseignement selon lesquelles des «éléments étrangers» veulent semer le chaos en créant des affrontements entre communautés religieuses.
Adnan Arsal, un leader religieux musulman de Poso, a expliqué à l'AFP que les responsables des deux communautés étaient immédiatement entrés en contact afin de tenter d'apaiser la tension. «Nous sommes tombés d'accord pour laisser les autorités traiter cette affaire et trouver les coupables, sans que l'on se montre du doigt ou que l'on s'accuse mutuellement», a-t-il déclaré.
Le malaise grandit parmi les minorités religieuses de l'immense archipel indonésien : les hindouistes de Bali sont ulcérés d'avoir été les victimes de sanglants attentats deux fois en trois ans, tandis que les chrétiens s'offusquent de l'immobilisme des autorités face aux groupuscules islamiques radicaux qui ont contraint à la fermeture plusieurs dizaines de leurs lieux de culte cette année.