20.10.05

«Un échange de tirs» fatal à Fred Nérac

Monde

Le journaliste français aurait été tué en Irak, assure Douste-Blazy à la lumière des conclusions de la cellule chargée d'analyser les «données disponibles sur cette disparition» survenue au 2e jour de l'offensive américaine.

par G.T
LIBERATION.FR : jeudi 20 octobre 2005 - 12:28

Le journaliste français Frédéric Nérac, disparu en mars 2003 en Irak, «serait décédé à bord d'un véhicule irakien au cours d'un échange de tirs survenu entre des Irakiens et des soldats américains», a indiqué mercredi soir Philippe Douste-Blazy, ministre français des Affaires étrangères, à sa famille. Rendant compte du travail de la cellule chargée depuis huit mois au ministère d'analyser les «données disponibles sur cette disparition», Douste-Blazy a assuré qu'à la lumière de ces conclusions, «les investigations devaient se poursuivre sur le terrain pour retrouver le corps de Frédéric Nérac».

Les voitures des journalistes sous le feu

Fred Nérac a disparu le 22 mars 2003 près de Bassorah, dans le sud de l'Irak, avec un interprète de nationalité libanaise, Hussein Othman. Tous deux couvraient pour la chaîne britannique ITN l'avancée des troupes américano-britanniques vers Bagdad, au deuxième jour de l'invasion. Nérac et Othman avaient pris place dans l'un des deux véhicule qui circulaient en convoi avant d'être pris sous un feu croisé. Certains témoins affirment cependant à l'époque que des blindés américains ont ouvert le feu sur des véhicules irakiens en passe de se rendre. D'autres évoquent le feu ouvert d'un hélicoptère américain. En tout état de cause, les voitures des journalistes, dûment marquées «TV» sont prises sous le feu. Le grand reporter britannique Terry Lloyd, présent sur le siège passager d'une voiture est tué par balles alors que son chauffeur, le caméraman belge Daniel Demoustier, est blessé. Fred Nérac et son interprète, dont la voiture est retrouvée par la suite vide et criblée de projectiles, disparaissent.
La chaîne ITN annoncera le 25 juin 2004 que des tests ADN ont permis d'identifier des fragments de corps, retrouvés en Irak, comme appartenant à Hussein Othman. Des funérailles seront organisées pour l'interprète libanais à Baalbeck (est du Liban), sa ville natale, le 23 septembre 2004. Aucune nouvelle ne filtre en revanche sur le sort du cameraman français jusqu'à l'annonce, tard dans la nuit de mercredi à jeudi de sa mort par le quai d'Orsay. Fred Nérac, sa femme Fabienne et leurs deux enfants vivaient depuis plus de 15 ans en Belgique, près de la ville de Waterloo.

Enlèvement d'un journaliste du Guardian

L'annonce officielle de sa mort survient au lendemain de l'enlèvement à Bagdad du journaliste irlandais Rory Carroll, en poste dans la capitale irakienne depuis le mois de janvier dernier. Rory Carroll, âgé de 33 ans, a été «intercepté» par des hommes armés alors qu'il quittait une maison du quartier de Sadr, dans l'est de la capitale et embarqué dans une voiture, écrit le Guardian dans son édition de jeudi. Le journaliste venait d'interviewer une famille au sujet du procès de Saddam Hussein. Carroll avait précédemment demandé à l'imam radical Moktada Sadr, dont le fief est dans le quartier chiite de Sadr, de l'aider à obtenir une interview de quelqu'un ayant souffert sous le régime de Saddam Hussein.
Par ailleurs, le numéro deux du Syndicat des journalistes irakiens, Mohammad Haroun, a été abattu mercredi soir par des inconnus dans un quartier est de Bagdad, a indiqué jeudi le président de ce syndicat Chehab al-Tamimi. «Des hommes armés à bord d'un véhicule ont tiré sur sa voiture, le blessant grièvement. A son arrivée à l'hôpital al-Kindi, les médecins ont constaté son décès», a précisé Tamimi. Avant la chute du régime de Saddam Hussein, Mohammad Haroun, 37 ans, avait travaillé dans des hebdomadaires appartenant à Oudaï Hussein, le fils du dictateur déchu

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