12.11.05

Assassinat Hariri: le président libanais entendu par des enquêteurs de l'Onu

AFP
[Le Figaro, samedi 12 novembre 2005 - 8h22 ]

BEYROUTH (AFP) - Le président libanais pro-syrien Emile Lahoud a été entendu vendredi par la commission d'enquête de l'Onu sur l'assassinat de Rafic Hariri, a indiqué samedi un communiqué de la présidence de la République.
"Le président Emile Lahoud a reçu vendredi à 17H00 locales deux membres de la commission d'enquête internationale (...) qu'il a mis au courant des données vraies et précises concernant des appels téléphoniques reçus par la présidence de la République avant le crime hideux", déclare le communiqué.
C'est la première fois que le président Lahoud est entendu par la commission dirigée par le magistrat allemand Detlev Mehlis sur l'assassinat de Rafic Hariri, tué dans un attentat à l'explosif le 14 février à Beyrouth.
Des télévisions privées libanaises, dont Future TV, chaîne appartenant à la famille Hariri, avait fait état dès vendredi soir de la rencontre entre M. Lahoud et la commission d'enquête.
Selon des journaux parus samedi, M. Lahoud a été entendu "pendant six heures" en tant que "témoin".
Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la présidence Rafic Chalala a affirmé que la "rencontre entre M. Lahoud et la commission s'est faite à la demande du président désireux de clarifier notamment ce qui est relatif aux appels téléphoniques".
"M. Lahoud avait demandé en octobre à M. Melhis qu'il soit entendu par la commission qui lui a répondu positivement il y a une semaine", a ajouté M. Chalala.
Le nom de M. Lahoud a été cité dans un rapport d'étape rendu public le 20 octobre par la commission créée par le Conseil de sécurité de l'Onu en vertu de la résolution 1595.
La commission d'enquête a établi que le frère d'un suspect clef avait appelé le téléphone de M. Lahoud quelques minutes avant l'explosion fatale du 14 février.
M. Chalala avait démenti au lendemain du rapport de M. Melhis que M. Lahoud aurait répondu à cet appel téléphonique.
"Un appel a été enregistré sur un des portables en service à la présidence de la République (..) mais cet appel ne s'est pas fait avec le président", avait alors précisé M. Chalala.
Le suspect clef en question est Ahmad Abdel-Al, "membre éminent d'Al-Ahbache", Association des projets de bienfaisance, groupe libanais ayant des liens historiques forts avec les autorités syriennes et la présidence libanaise.
M. Abdel-Al et son frère Mahmoud ont été mis en examen par la suite par la justice libanaise dans le cadre de l'enquête qu'elle mène conjointement avec la commission de l'Onu. Le troisième frère est membre de la garde présidentielle.
M. Lahoud, un farouche ennemi de Rafic Hariri, dont il a saboté les projets de réformes lors d'une cohabitation difficile entre 2000 et 2004, s'était prononcé à plusieurs reprises pour que les auteurs du crime soient châtiés.
Fin août, le chef de la garde présidentielle, Moustapha Hamdane, a été mis en examen et incarcéré par la justice libanaise à la demande de la commission de l'Onu en même temps que trois autres généraux libanais à la tête de l'appareil sécuritaire pro-syrien en place à l'époque de la mort d'Hariri.
Depuis la publication du rapport de la commission de l'Onu, qui a mis en cause plusieurs hauts responsables syriens et libanais dans l'assassinat de Rafic Hariri, la démission de M. Lahoud est réclamée par la majorité parlementaire anti-syrienne amenée au pouvoir à la suite des législatives de mai-juin.
Le mandat de M. Lahoud à la tête de l'Etat avait été prolongé de trois années supplémentaires en septembre 2004 sous la pression de la Syrie, alors maître du jeu politique au Liban.
Soumise à des pressions croissantes de l'Occident, Etats-Unis en tête, Damas a retiré précipitamment ses troupes du Liban en avril, après 29 ans de présence militaire chez son petit voisin.

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