28.11.05

Damas se félicite de la «solution viennoise»

Pierre Prier
[Le Figaro, 28 novembre 2005]

Syrie. La Syrie crie victoire. Selon les milieux officiels, Damas a marqué un point dans son combat contre l'ONU en acceptant que cinq officiels syriens soient interrogés à Vienne, en Autriche, par la commission d'enquête sur l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri. «En fait, le choix de Vienne est en conformité avec la demande syrienne, écrivait samedi le journal gouvernemental Tichrine. Ce choix a coupé la route à ceux qui comptaient sur un refus de coopérer de la part de la Syrie pour lui appliquer des sanctions graduelles», poursuit le quotidien. Le ministre des Affaires étrangères adjoint Walid Mouallem a, pour sa part, estimé que la Syrie «ne faisait pas machine arrière», puisqu'«aucun officiel syrien n'a jamais annoncé un refus de coopérer avec l'ONU».
Selon le quotidien libanais al-Nahar, l'audition devrait avoir lieu demain. Le régime de Damas a quelques raisons de se féliciter de ce compromis annoncé vendredi soir, à la limite d'un ultimatum fixé par l'ONU. Le président de la commission, le magistrat allemand Detlev Mehlis, voulait interroger des officiels syriens au Liban, une humiliation pour Damas. La Syrie avait ensuite proposé les locaux de la force de l'ONU déployée sur la ligne de cessez-le-feu entre la Syrie et Israël, sur le Golan. Un territoire revendiqué par le régime de Bachar el-Assad, et donc difficilement acceptable par l'ONU.
Le compromis viennois aurait été rendu possible grâce à l'Arabie saoudite et à la France, selon des propos du roi Abdallah, cités hier par al-Hayat et Asharq al-Awsat, deux quotidiens panarabes à capitaux saoudiens. Le secrétaire général de la Sécurité nationale saoudienne, le prince Bandar bin Sultan, aurait conclu le marché entre Damas, l'ONU et Paris, où il a obtenu l'accord de Jacques Chirac, la France étant en pointe dans les résolutions anti-syriennes de l'ONU. Le ministre syrien a par ailleurs annoncé avoir reçu des assurances «de l'ONU et d'un membre important du Conseil de sécurité» que les cinq officiels «retourneraient en Syrie». Reste à connaître le nombre des personnalités interrogées. Mehlis avait parlé de six, la Syrie de cinq. On ignore également si la liste inclut Assef Chawkat, beau-frère du président Bachar el-Assad et chef des renseignements militaires.

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