Prisons secrètes de la CIA : Washington ne dément pas

A. T. (avec AFP)
[le Figaro, 30 novembre 2005]

Condoleezza Rice, qui entame lundi prochain une tournée en Europe, va devoir sans doute s'expliquer sur les activités secrètes de la CIA dans la région. Alors que l'Administration américaine gardait jusqu'ici un silence prudent, la secrétaire d'Etat a défendu hier, dans un entretien au quotidien USA Today, la détention illimitée des personnes soupçonnées de terrorisme : «Vous ne pouvez pas vous permettre d'attendre que quelqu'un commette un crime avant de l'emprisonner.» A l'instar de Condy Rice, le directeur de la CIA, Porter Gross, a refusé de confirmer ou d'infirmer l'existence de prisons secrètes en Europe. «Nous menons une guerre contre le terrorisme», s'est-il contenté de répondre à la chaîne ABC.

Détention illégale

Le patron des renseignements américains a en revanche formellement démenti que les Etats-Unis aient recours à la torture tout en évitant de préciser ce qu'il entendait par «torture». Il a dit ainsi ignorer si la technique de la suffocation en faisait partie. A la suite d'une demande d'explications émanant de l'Union européenne, le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, a assuré que Condoleezza Rice «allait faire de son mieux pour répondre à ces questions». Le commissaire européen à la Justice, Franco Frattini, a pris contact il y a quelques jours avec la Maison-Blanche et le Département d'Etat. «Malheureu-sement, a-t-il dit, il n'y a eu encore aucune assurance» que ces informations faisant état de l'utilisation par la CIA de pays européens pour le transport, la détention illégale et la torture de terroristes islamistes présumés n'étaient pas fondées.
Le commissaire italien a aussi menacé les Etats membres de l'Union européenne de leur retirer leur droit de vote au Conseil européen, si l'existence de prisons secrètes se confirmait.