7.1.06

Bombardement de Bouaké : mandats d'arrêt contre les pilotes ivoiriens

LE MONDE | 06.01.06 | 14h50 • Mis à jour le 06.01.06 | 14h50

La juge du tribunal aux armées de Paris (TAP), Brigitte Raynaud, a délivré, jeudi 5 janvier, des mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de deux militaires ivoiriens. Ces derniers sont soupçonnés d'avoir participé au bombardement d'un camp militaire français par deux avions des forces ivoiriennes, à Bouaké le 6 novembre 2004. L'attaque avait coûté la vie à neuf soldats français (et à un civil américain). Les Soukhoï 25 qui avaient attaqué les forces françaises étaient composés d'équipages "mixtes" : un militaire ivoirien et un mercenaire slave.
Le 14 décembre 2005, la juge, qui conduit une instruction pour "assassinats et tentative d'assassinats", avait informé le parquet qu'elle comptait demander l'arrestation des deux hommes. Dans une ordonnance transmise au procureur aux armées, Jacques Baillet, Mme Raynaud écrivait : "Il résulte des investigations réalisées, en particulier des pièces d'exécution de la commission rogatoire internationale du 15 mars 2005 délivrée aux autorités judiciaires ivoiriennes et aussi des derniers documents déclassifiés par la commission consultative du secret de la défense nationale que les pilotes ivoiriens à bord des deux avions Soukhoï (étaient) les ressortissants suivants : Patrice Ouei, né le 4 décembre 1957, et Ange Magloire Gnanduillet Attualy, né le 15 novembre 1955". Le 23 décembre, le parquet avait donné son accord à la délivrance des deux mandats d'arrêt internationaux, qui vont maintenant être diffusés par Interpol.

"SERVICES RENDUS"

Il est toutefois hautement improbable que les autorités ivoiriennes donnent une suite favorable à l'initiative de la juge française et expulsent les deux militaires. En revanche, ces derniers risquent de ne plus pouvoir quitter leur pays, sauf à prendre le risque de se faire arrêter.
Dans une note du 13 septembre 2005, les experts de la Direction du renseignement militaire (DRM) du ministère français de la défense avaient révélé que l'armée ivoirienne avait accordé, au cours de l'été 2005, "une promotion aux pilotes soupçonnés d'avoir bombardé" le camp de Bouaké. Le lieutenant-colonel Ouei, ainsi que les lieutenants Gnanduillet et Degri Akpali avaient été promus par le président Laurent Gbagbo. "Cet avancement n'est pas dénué d'ambiguïté et apparaît comme une récompense pour services rendus", soulignait la DRM.

Gérard Davet et Fabrice Lhomme
Article paru dans l'édition du 07.01.06

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