21.1.06

Complicité allemande à la guerre en Irak

Après que les soupçons sur la connaissance de l’Allemagne aux vols carcéraux secrets de la CIA transitant par des aéroports européens vers des territoires moins regardant sur l’usage de la torture comme méthode d’interrogatoire, se soient confirmés, après que des informations révélant que la Bundeskriminalamt (BKA) avait interrogé des citoyens allemands emprisonnés et torturés par des services secrets locaux à Beyrouth (Liban), à Damas (Syrie) et à Guantanamo (Cuba), le scandale du Bundesnachrichtendienst (BND) vient bouleverser définitivement la croyance selon laquelle le gouvernement Schröder avait suivi une position pacifiste.
L’émission télévisée Panorama (http://www.ndrtv.de/panorama/archiv/2006/0112/bnd.html) et le journal quotidien Süddeutsche Zeitung ont indiqué le 12 janvier (voir aussi son dition du 15 janvier) que le service secret étranger, sur commande du bureau du chancelier, est demeuré à Bagdad pendant la guerre et a fonctionné aussi étroitement que possible avec l’agence américaine de renseignement militaire. Bien que la commission de contrôle parlementaire des services secrets (Parlamentarisches Kontrollgremium - PKG), instituée de longue date et inefficace, ait déjà entendu des témoins pour étudier les allégations, le Parlement a maintenant voté en faveur de la création d'un Comité parlementaire spécial d'investigations (Untersuchungsausschuss). Une recherche sur les activités du BND à Bagdad, selon le président du groupe parlementaire vert, Renate Künaste, ne donnera pas des résultats par des moyens parlementaires conventionnels.
Face à l’action du BND en Irak pendant la guerre, le gouvernement a donné diverses, et parfois contradictoires, réponses. Elles vont de la protection de l'ambassade allemande à des soldats allemands protecteurs postés au Koweït et à la fourniture de renseignement au gouvernement allemand, aussi bien qu’aux collègues étrangers. La question critique est de savoir si le BND collaborait aux actions de guerre, comme le déclarent un ancien officier du Pentagone et un employé de BND travaillant aux opérations en Irak. Tous deux affirment, dans l’émission Panorama que le renseignement allemand a aidé à identifier les cibles « qui plus tard ont été bombardées » et à mener des recherches intensives du refuge de l'ancien Président irakien Saddam Hussein. Ces déclarations ont été réfutées par le président de BND et ancien coordonnateur de BND au bureau du chancelier, Ernst Uhrlau. Plus concrètement, l’ancien fonctionnaire du Pentagone a déclaré qu’un renseignement du BND sur la présence possible de Saddam Hussein dans un restaurant dans la zone de Mansur a amené les Américains à bombarder le secteur, détruisant quatre bâtiments et tuant 12 civils.
Tout cela est naturellement niée par l'ancien gouvernement et la direction du BND. Cependant, les commentateurs politiques disent qu'il est impossible d'imaginer que le chancelier Gerhard Schröder, son ministre des Affaires étrangères, Joschka Fischer, le chef de cabinet du chancelier (et de l’actuel ministre des Affaires étrangères) Frank-Walter Steinmeier, et les responsables du BND, August Hanning et Ernst Uhrlau, n'aient rien su de cette collaboration à l’entreprise militaire américaine. Un parlementaire anonyme a déclaré que le gouvernement semble avoir poursuivi une politique d'ombre en 2003, entre une position officielle et populiste contre la guerre, et de l’autre une vraie collaboration opérationnelle à la guerre

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